Voici un logo, plutôt joli, élégant même, qui devrait renvoyer une image de compétence (des siècles d’université) et de modernité (renouvellement).
Pour moi, ce logo évoque désormais une hénaurmité, au propre et au figuré, le symbole d’une bureaucratie empêtrée (dont Paris 3 n’a pas le monopole, hélas).
Énormité pondérale d’abord. Imaginez qu’on vous demande de témoigner de votre expérience professionnelle à des étudiants : bonne initiative. L’université vous établit un contrat et vous l’envoie par mail : c’est bien. Dans le fichier informatique correspondant (Word), le texte du contrat pèse 30 kilo-octets et le logo 2400 (2,4 Mo) : c’est surprenant. À croire que le logo seul compte (c’est vrai qu’il est joli) et que le texte est accessoire… Certes, le poids du logo n’affecte pas la nature du contrat, mais c’est inutile et c’est surtout ridicule. Après, on gravera des cédéroms à « 95% de matière logo » (on est loin du régime amaigrissant) ou on se plaindra de ce que les serveurs bureautiques de l’université sont engorgés. Faudra-t-il demander des crédits supplémentaires aux finances publiques pour acheter de nouveaux serveurs ?
Énormité comportementale ensuite. Après avoir imprimé et signé le contrat en trois exemplaires, avec la paperasse annexée, et renvoyé tout cela en temps et heure, vous préparez tranquillement votre cours en vous disant que l’indispensable volet administratif de votre intervention est dans les tuyaux – Erreur !
Personne ne vous accuse réception de rien ni ne vous réclame rien mais, trois mois plus tard (la formation est terminée depuis un mois), vous recevez un message naïf vous proposant de signer votre contrat avec en pièce jointe le même fichier de 2,4 Mo avec le logo (non, non, il est vraiment joli). Et là, vous avez cette fameuse sensation d’avoir déjà vécu cet instant. Vous vous étonnez auprès de votre interlocuteur, pour vous entendre dire que votre contrat a été perdu, parce que « le courrier passe entre les mains de 5, 6 personnes avant qu’il n’arrive dans le service destinataire » [sic]. Admirable !
Mais la présidence de l’université est au-dessus de ça. Ça ne l’intéresse pas, ça ne la concerne pas. Elle a tort.
Car c’est bien à la direction de l’établissement de veiller à ce que les agents administratifs aient conscience de ce qu’est un contrat (sinon à quoi sert d’en fabriquer ?) et s’occupent de l’essentiel avant de batifoler avec l’accessoire. Ce serait ça le vrai « renouveau » !
et oui, incroyable comme on peut ne pas se rendre compte du poids d’un logo dans la signature d’un mail … et quand ce sont les services centraux d’une grosse entreprise qui s’y mettent, bonjour les surcharges pondérales des boites mail !