On connaît la fièvre du samedi soir, festive, démonstrative, lascive…
On parle moins de la petite fièvre qui s’empare parfois de certains individus le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi ou le vendredi, aux heures de bureau (éventuellement au petit matin voire tard le soir), tel ce cadre qui vient d’apprendre qu’il est viré, ou ce patron à l’annonce de la venue d’un contrôleur fiscal (le genre de chose qui n’arrivent qu’aux autres).
Scène de la vie ordinaire
Dans moins de deux jours, le bureau de Monsieur Dupondt ne sera plus le bureau de Monsieur Dupondt. Il reste quelques heures à Monsieur Dupondt pour s’acquitter d’un exercice difficile : rendre son PC portable et son Blackberry à la DRH, vider son armoire pour ne rien laisser d’inutile à son successeur (qui est forcément un imbécile). Aïe ! C’est là que les choses se corsent : Monsieur Dupondt doit trier les mails et les notes qui concernent l’entreprise pour les laisser derrière lui (s’il ne le fait pas, il se met en tord vis-à-vis de sa future ex-entreprise). Mais il veut surtout récupérer ou détruire « ses » documents, ceux qui ne doivent pas tomber sous les yeux de n’importe qui. Tout est classé pêle-mêle, documents contractuels, contacts personnels et brouillons mélangés. Monsieur Dupondt sent la sueur lui monter au front… Cela lui rappelle une histoire d’omelette, qu’il avait lue sur un blog. Ah ! cela l’avait bien fait rire ce jour-là, mais aujourd’hui il rit jaune, Monsieur Dupondt (jaune poussin bien entendu…).
Changement de décor
C’est sûr, le contrôle fiscal est pour la semaine prochaine. Vite, dépêchez vous les gars. Non, non, on n’a rien à se reprocher, bien sûr que non, voyons. Mais, vous savez, avec l’administration, il faut être carré ; il faut être propre. Ça veut dire un peu de ménage, voilà, c’est tout ; on va vider les corbeilles pour ces Messieurs. Et tant qu’à les vider, autant profiter de l’occasion pour les remplir. Hein ? C’est vrai, quoi, on n’a pas besoin de toute cette paperasse, et de toute cette électronasse. Allez, on pilonne les dossiers qui traînent, on vide les boîtes mails. Clic. Reclic. Et rereclic ! Le tour est joué.
[Off the record :
Rassurons-nous, tous les mails supprimés sont bien conservés dans la sauvegarde de la direction informatique , mais peut-être que l’inspecteur fiscal n’y pensera pas…
Quant aux plans et aux feuilles de calculs du gros projet en cours, mal classés, qui sont malencontreusement du voyage pour la corbeille puis vers l’au-delà, on ne s’apercevra que trop tard de leur disparition…].
Mon expérience me laisse craindre le pire, car la voie la plus courante aujourd’hui en entreprise, c’est le changement et la mobilité tous « azimuts », des hommes, des organisations et des sites, ce qui rend très aléatoire la conservation des documents. Sans parler des fusions-acquisitions!
Trop souvent les papiers sont évacués, bennés…. pour faire de la place (le m² coûte cher!) et peut-être aussi par auto-protection ou égoïsme; personne ne pense à l’entreprise et à la couverture de risques pour l’avenir. Qui se sent d’ailleurs responsable ou habilité pour préserver ce patrimoine et dire stop à la dérive?
Pour les documents numériques ce n’est guère plus rassurant, s’il n’y a pas de politique d’archivage exigeante pour les collaborateurs: les données non structurées, stockées sur serveur seront « écrasées » lors de chaque mutation de collaborateur. Pour le reste on parlera de conservation ou de stockage; encore faudra-t-il que le référencement d’entreprise soit pertinent!
Peut-on rester optimiste malgré tout? je réponds oui, si le frémissement observé en matière de politique et projet d’archivage se confirme, lorsqu’il est impulsé par le top management dans les entreprise et porté ensuite par toute la ligne managériale; car il s’agit bien d’un projet managérial transverse à l’entreprise, à même de palier les défaillances précitées. Je dis bien, l’archivage managérial .Si vous doutez encore, venez voir du côté du CR2PA.