N’allez pas confondre une notule avec un texticule !
Le point commun, bien sûr, c’est la brièveté du document, indiquée par le diminutif. Mais si toute note est un texte, tout texte n’est pas une note et, par voie de conséquence, toute notule est un texticule mais tout texticule n’est pas une notule. La théorie des ensembles s’applique aussi dans le monde documentaire.
Rédiger une note n’est pas simple. Suivant l’argument exposé supra, c’est plus difficile de rédiger une notule que d’écrire un texticule. Vous aurez noté (je pèse mes mots) que le texte (et son texticule de dérivé) s’écrit, tandis que la notule, aussi bien que la note, se rédige. Au passage, la forme pronominale (s’écrit, se rédige) est une façon de parler (entendez : d’écrire) car le texte ne s’écrit pas tout seul, non plus que la note ne se rédige toute seule. En effet, si on écarte le cas des séances de spiritisme où l’esprit invoqué utilise un guéridon en guise de stylo, le texte est écrit et la note est rédigée par un auteur, un humain qui s’exprime (là, la forme pronominale est appropriée).
Rédiger une note est difficile parce que la note est un genre documentaire, et même plusieurs genres qui obéissent à certaines règles de forme. Pour un rédacteur subordonné, la note doit à la fois synthétiser l’affaire sur laquelle elle porte et formuler un commentaire ou une proposition d’action pour le destinataire de la note qui n’a pas le temps d’étudier le sujet. Pour le supérieur hiérarchique, en revanche, l’objectif de la note est de faire savoir à l’ensemble des subordonnés une décision à appliquer. Il y a dans l’administration comme dans l’entreprise de nombreuses appellations autour de la note : note de service, note de procédure, note d’instruction, note de synthèse, note de présentation, note de cadrage, note de frais, etc.
Mais, rédiger une notule, contrairement à ce qu’on pourrait penser, est encore plus difficile que de rédiger une note. La difficulté est dans la concision. La notule est un genre documentaire particulier, presque un genre littéraire. Oui, disons-le, la notule est un art.
Or, il est une profession qui s’est emparée de la notule avec conviction et enthousiasme : ce sont les libraires. C’est même à la notule que l’on reconnaît le libraire – à ne pas confondre avec le marchand de livres, lequel le plus souvent vend mais ne lit pas. Donc le libraire, le vrai, se doit d’informer ses clients sur les livres qu’il lui propose et il aime partager avec eux son opinion sur ses coups de cœur (plus rarement ses coups de gueule mais pourquoi pas).
La partie analyse de la notule est sans doute la plus aisée à rédiger car le contenu du livre offre la matière, aussi variée que les livres eux-mêmes. L’appréciation finale, qui doit séduire le client de la librairie et futur lecteur, exige investissement et imagination pour agencer les qualificatifs dans un registre lexical qui est peu extensible ainsi que l’explique un libraire sur son blog.
En illustration, une notule de Jean-Christophe (joli prénom pour un libraire, aussi joli que Romain ou Roland…). Le cliché a été pris avec l’assentiment de son auteur à la librairie de Paris, place de Clichy, où j’aime acheter mes livres depuis que j’ai dit m… à Amazon, un marchand de livres qui m’inondait de suggestions de lectures toutes plus sottes que grenues, et depuis que j’ai renoncé à comprendre le classement des livres à la FNAC…
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