Archiver, après ? Marie-Anne Chabin, Djakarta, 2007

Chapitre 5 – Archives et connaissance historique

Écouter et choisir entre les avis, voilà le premier pas de la connaissance ; voir et réfléchir sur ce qu’on a vu, voilà le second pas de la connaissance
Confucius

« Les archives, ensemble de documents créés dans le cours quotidien des activités et sources de mémoire, d’information et d’action, jouent un rôle essentiel dans le développement de la société. Patrimoine unique, précieux et irremplaçable, transmis de génération en génération, les archives servent la transparence administrative, concourent à la constitution de l’identité collective et permettent l’accroissement des connaissances ». Ainsi débute la déclaration québécoise sur les archives, diffusée en mai 2006 sous le titre Notre mémoire et nos droits.

Les archives sont une source de connaissances transmises de génération en génération, depuis que l’activité humaine produit des traces documentaires archivables et archivées. Les archives sont donc le résultat d’une sédimentation d’informations au fil des années, gisement qui continue d’être alimenté tant que perdure l’activité.

Quelle est la nature de la relation entre archives et connaissance ?

Quelles connaissances pour quelles archives ? Les connaissances que l’on peut tirer des archives sont quasiment infinies car on peut y revenir plusieurs fois et y puiser toujours des connaissances nouvelles. La source paraît plus profonde encore quand on songe que 50 %, peut-être 75%, des documents conservés dans les archives historiques n’ont encore jamais été consultés. Et pourtant, les archives conservées à titre historique ne représentent en général que 1% du volume des documents produits.

On peut aussi inverser la question : quelles archives pour quelle connaissance ? En établissant le sens de la relation d’une connaissance identifiée vers des archives potentielles plutôt que de partir des archives pour en extraire la substantifique connaissance. Une problématique émerge sur tel phénomène du passé : existe-t-il des archives susceptibles de m’apporter des connaissances là-dessus ? Où sont-elles ? Si on ne les trouve pas, est-ce parce que ce phénomène n’a fait l’objet d’aucun écrit ? Est-ce les archives qui en parlaient ou y faisaient allusion ont disparu ? Est-ce que ces informations n’ont pas été archivées parce qu’elles ne présentaient pas d’intérêt pour celui qui a opéré la sélection ? Est-ce que quelqu’un d’autre les aurait sélectionnées ?

On ne recrée pas les archives du passé. Mais pour ce qui est du présent et de l’avenir, c’est justement le rôle des archivistes que de façonner, par leur mission de sélection, de ce qui restera comme archives historiques de telle ou telle institution ou de telle ou telle communauté.

 

Archives légales, archives réelles

L’expression « archives légales » n’a rien à voir ici avec l’archivage légal, anglicisme en vogue pour désigner l’archivage à des fins de preuve commenté au chapitre 2.

La formule « archives légales, archives réelles », extrapolée du discours maurassien, entend ici attirer l’attention sur les places respectives qu’occupent les institutions (le pays légal) et les populations (le pays réel), d’une part dans la création des documents d’archives, d’autre part dans la constitution des fonds d’archives historiques.

Traditionnellement, les archives sont une émanation du pouvoir, de ceux qui font et appliquent les lois, de ceux qui décident et qui tracent ainsi leurs décisions. Pendant des siècles, les populations n’ont pas produit d’écrit archivé ni même archivable. Lorsque le commun des mortels est présent dans les archives, c’est en temps que personnage secondaire, au titre d’administré ou de prévenu, et en style indirect puisque c’est l’institution qui parle de lui ou pour lui.

De fait, la connaissance que l’on peut avoir des générations précédentes se situe d’abord et systématiquement dans les documents de l’état civil, dans les recensements de population ou dans les registres militaires. Pour la vie professionnelle, ce sera le registre des métiers et du commerce. Elle repose ensuite sur les dossiers de l’administration lorsque celle-ci accorde ou retire quelque chose à un individu en fonction de l’application ou du non-respect de la réglementation : des malades qui ont été soignés, des organes de presse qui ont été contrôlés par la censure, des individus qui ont eu maille à partir avec les juridictions. Si un citoyen est l’auteur d’un écrit, c’est bien souvent par le biais des institutions qu’il sera conservé : c’est le cas du testament reçu par le notaire, de la pétition transmise au ministère ou de la lettre de profession de foi d’un candidat aux élections, des statuts d’une entreprise déposés au greffe du tribunal de commerce, de la demande d’autorisation administrative de créer une école privée ou d’ouvrir un cinéma. C’est d’ailleurs le cas aussi pour les publications depuis le dépôt légal institué par François 1er.

Rien n’interdit toutefois à ceux qui ne sont pas présents ou représentés dans les institutions officielles de conserver leurs documents « publics » par devers eux ou de créer des archives pour témoigner de leurs idées ou de leurs faits et gestes. Les archives orales relèvent pour une bonne part de cette démarche. Mais force est de constater que la production est bien plus faible et la pérennisation bien plus aléatoire hors des structures dédiées à conservation.

Heureusement, on constate une présence croissante des archives d’origine privée ou personnelle dans les fonds publics. Héritière de la Révolution française qui a créé les Archives nationales, départementales et communales avec le séquestre des archives ecclésiastiques et seigneuriales, la notion de mémoire nationale a conduit peu à peu à enrichir les fonds d’archives officiels de documents de nature privée issus de l’activité de personnages et de groupes influents ou de personnes plus modestes. Ainsi, l’ensemble des collections se montre plus représentatif de l’ensemble de la communauté ayant vécu et vivant dans le ressort du service d’archives, c’est-à-dire sur le territoire national, départemental ou communal.

La question « Quelles archives pour quelle connaissance ? » en recèle une autre : « Quelle mémoire organisée pour quelle activité humaine ? », « Quelles archives conservées pour quelles archives créées ? ». Autrement dit : « Quelle est la représentativité des fonds d’archives offerts à la recherche historique ? », qu’il s’agisse d’archives publiques ou d’archives privées accessibles aux historiens.

Cette représentativité doit s’apprécier à deux niveaux : d’abord la représentativité des fonds d’archives conservés par rapport aux personnes physiques et morales existantes ou ayant existé ; ensuite la représentativité, au sein de chaque fonds, des documents conservés par rapport aux documents initialement créés.

Comment éviter, ou du moins contrôler, le fatal décalage entre ce qui a été produit, ce qui est archivé et ce qui sera recherché par l’historien, ce qui répondra aux attentes de l’historiographie, c’est-à-dire aux goûts historiques de la société à une époque donnée ?

Pour maîtriser cette représentativité des archives historiques, il faudrait disposer d’une cartographie des fonds potentiels, pondérée par divers indicateurs issus tout à la fois de la qualité des fonds déjà collectés, des courants historiographiques et des contraintes matérielles de collecte.

Dans le seul secteur public, le nombre des personnes morales, donc des producteurs d’archives, s’est considérablement accru depuis cinquante ans : établissements publics, structures intercommunales, hautes autorités, agences, observatoires, etc. qui gèrent une activité spécifique naguère dévolue à l’administration ou tout simplement nouvelle. Les archives de ces organismes sont aussi représentatives de la vie collective, sinon plus, que celles des ministères et collectivités dont ils sont issus. Le nombre d’associations « loi de 1901 » est plus faramineux encore. Or l’éclatement des acteurs rend la tâche de collecte plus difficile. La maîtrise ou, si le terme paraît trop ambitieux, la gestion de cette représentativité suppose que le service d’archives dispose d’un panorama aussi précis que possible des producteurs d’archives, publics et privés, sur son territoire et de leur production documentaire. S’il ne s’agit que d’en établir la liste, l’annuaire du téléphone est une bonne base, mais il faut encore apprécier les poids relatifs de ces acteurs dans la vie commune, ce qui peut paraître assez subjectif.

Qu’est-ce qui fait qu’un acteur de la société est important pour la mémoire collective ? Le nombre d’administrés concernés, le montant d’argent public collecté ou distribué, le nombre d’émissions de télé sur le sujet ?

Quant à la représentativité de ce 1 % d’archives historiques sur l’ensemble de la production documentaire, elle n’est pas plus facile à apprécier. Certes, les documents juridiques de toute entité que sont les statuts, les procès-verbaux de délibération ou les déclarations officielles possèdent dès leur création la valeur d’archives historiques mais pour le reste, ce qui caractérise le mieux la vie de cette structure et de ceux qui y ont œuvré est en partie une affaire de point de vue ; un beau projet architectural jamais réalisé n’en dit-il pas autant que la réalisation d’un projet modeste ? Le modèle d’organisation des équipes de l’usine n’est-il pas aussi instructif que les plans de l’objet manufacturé ?

Le facteur temps, aussi important pour l’Histoire que pour les Archives, fait que ces critères de représentativité sont mouvants et suggèrent une remise en cause périodique des méthodes d’évaluation de la matière historique collectée. L’objectif est de préserver la cohérence et la qualité des archives historiques dans une société en perpétuelle mutation, en tenant compte de deux phénomènes.

Primo, de nouveaux acteurs apparaissent, d’autres disparaissent ; des types de documents se vident de leur contenu, d’autres s’étoffent, tandis que de nouvelles formes d’expression s’installent. Secundo, chaque siècle, voire chaque génération, porte ses propres interrogations sur l’Histoire, sur les faits et sur les comportements. Pour les archives anciennes, seule la manière de les lire et de les interroger peut changer. Pour l’époque actuelle en revanche, où les archives sont encore en formation, les fonds peuvent être modelés ou remodelés à la lueur de ces attentes.

Ces deux phénomènes, qui se sont accélérés au cours des dernières décennies, expliquent sans doute l’émergence de nombreux centres d’archives à thème en marge des archives historiques officielles tels que les Archives du féminisme ou les Archives nationales audiovisuelles du travail et des entreprises (ANATEC). Cette floraison d’archives « parallèles » fausse le jeu d’antan de la sédimentation organique et de l’archive centralisée. D’un côté, la dispersion gène la visibilité des archives disponibles ; de l’autre, on peut y voir une saine concurrence, une certaine démocratisation de l’accès à l’information du passé et, partant, à une potentielle connaissance historique.

 

Redondance et sélection

La question de la représentativité pose évidemment la question de la sélection des informations qui seront labellisées « archives historiques ».

D’aucuns protesteront : pourquoi sélectionner ? Il faut tout conserver, chaque pièce a son importance, les millions de feuilles de maladie de la Sécurité sociale, aussi bien que la feuille d’impôt de chaque contribuable ou que la copie du bac de chaque bachelier. Pourquoi pas ? Il suffit de multiplier par deux, par dix, par cinquante la capacité des locaux d’archivage. Pour financer ces locaux et le personnel associé, il suffit d’augmenter un peu les impôts…

N’en déplaise à certains, l’argument du volume et du coût n’est pas le plus sérieux dans ce débat. Deux raisons solides et positives, historienne et archivistique, plaident en faveur de la sélection.

Tout d’abord, la qualité de la connaissance historique n’est pas indexée sur le volume d’archives. Dans un article très convaincant[1], l’historien québécois Jean-Claude Robert pose la question : « Connaît-on nécessairement mieux le passé parce qu’on dispose d’un plus grand volume d’archives ? » et démontre qu’il n’en est rien en illustrant son propos par l’exemple des archives judiciaires du Québec. L’universitaire pointe du doigt une certaine naïveté à croire, dans une « société devenue boulimique d’historicité », que chaque document porte sa part de connaissance et qu’il suffirait donc d’accumuler les documents pour accroître ses connaissances.

Ensuite, la sélection est nécessaire en raison de la redondance des archives produites, plus forte aujourd’hui que naguère, sous l’effet combiné de la réglementation des relations humaines et de la multiplication exponentielle des outils de production, de reproduction et de diffusion de l’information.

La redondance archivistique présente plusieurs cas de figure bien distincts. Il y a d’abord la redondance intégrale, lorsque des documents sont édités ou dupliqués, puis archivés en plusieurs exemplaires. L’archivage de plusieurs exemplaires peut se justifier mais seulement dans quelques cas précis : tout d’abord, le besoin de sécurité (deux exemplaires sauvegardés dans des lieux séparés) ; ensuite les facilités d’accès (le rapport du préfet de Perpignan au ministre de l’Intérieur doit être accessible à Paris et à Perpignan ; cette exigence se traduit par un double archivage pour les supports papier et par un partage d’accès à l’information pour les supports numériques) ; enfin, la nécessité juridique et morale, pour des propriétaires différents, d’archiver chacun leur exemplaire.

Les documents et dossiers en X exemplaires archivés par des voies séparées ne présentent bien souvent qu’une redondance partielle : une annotation ici, l’ajout d’une pièce là, font la différence. L’information différentielle est peut-être la plus intéressante mais elle est diluée dans un matériau d’exploitation fastidieuse.

La redondance peut encore résider non dans les données mais dans le type de document : un formulaire d’enquête rempli par 100 000 entreprises, une procédure d’attribution d’aide sociale suivie par un million d’ayants droit. Chaque imprimé est unique et en même temps semblable aux autres. A côté des éléments statistiques auxquels ils donnent lieu, ces documents de base possèdent une valeur individuelle étrangère au motif de leur production et sont éminemment redondants au regard de l’Histoire collective.

Autre aspect, la redondance informationnelle : les mêmes données se retrouvent sous X formes dans Y types de documents, de sorte que la disparition d’un document ou de plusieurs n’affecte en rien l’accès à la connaissance des données. Combien de fois certaines informations sont-elles recopiées, transmises, récapitulées, reformatées, retransmises ? Les historiens le savent bien qui pallient l’absence d’une source par une ou plusieurs autres sources. Bien évidemment, le cas de la relation par plusieurs témoins d’un même événement, avec la valeur ajoutée du point de vue de chacun, n’entre pas dans cette catégorie.

Enfin on peut évoquer, dans une certaine mesure, la redondance des fonds eux-mêmes, le fait qu’un fonds d’archives constitue un matériau historique similaire à un autre face à une problématique historique : la vie d’un village provençal, le fonctionnement d’une tuilerie dans la Creuse, le déroulement d’une kermesse dans le Nord peuvent être étudiés au travers de tel fonds mais aussi au travers d’un autre fonds de même nature, de même qualité et de même volume, au point qu’on pourrait presque dire, au regard de certaines questions historiques, que certaines archives sont fongibles…

Aux différents types de redondance correspondent des modes de sélection différents qui se rattachent toutefois à deux grandes pratiques : la sélection mécanique et la sélection intellectuelle qui peuvent d’ailleurs se combiner. La sélection mécanique, préconisée par la Direction des Archives de France depuis une vingtaine d’années pour faire face à l’inflation des volumes, s’applique aux séries et consiste en un échantillonnage aléatoire en retenant au titre des archives historiques un dossier sur 10, 100 ou 1000, ou une année sur N (les années de recensement de population, une année sur 5), ou bien telle ou telle lettre de l’alphabet (les dossiers des personnes dont le patronyme commence par BER[2]), ou encore les producteurs dont le siège figure sur une liste de lieux témoins (par exemple l’échantillon géographique national de l’INSEE).

La sélection intellectuelle consiste en l’appréciation, par une personne autorisée, de ce qui est ou n’est pas intéressant ou historique, ou plus précisément de ce qui serait le plus intéressant ou historique, lorsque l’on est soumis à des contraintes de volumes ou simplement dans un souci de qualité des archives. La sélection intellectuelle s’opère à trois niveaux : les producteurs, les types de dossiers, les documents dans le dossier.

La question est de savoir qui est la personne la plus autorisée parmi les sélectionneurs possibles : le chef de service qui connaît ses dossiers, l’archiviste qui connaît les archives ou l’historien qui sait ce qu’il cherche. L’objectivité est sans doute un vain mot dans cette opération et, quitte à être subjectif, la « subjectivité la plus objective » semble être celle du premier intervenant dans l’ordre chronologique, c’est-à-dire celle du chef de service car son choix, opéré bien sûr dans le respect des règles de l’archivage, sera en soi un élément de connaissance, un élément d’appréciation supplémentaire des dossiers sélectionnés. Qui mieux que le président ou le greffier d’un tribunal peut désigner les dossiers de procédure les plus significatifs de l’activité de la juridiction cette année-là ? C’est la contribution logique du fonctionnaire chef de service à la constitution de la mémoire nationale. Si le producteur ne remplit pas ce rôle, l’archiviste doit le faire, en intégrant les orientations historiographiques, et, à défaut d’archiviste, l’historien y pourvoira.

On peut discourir sans fin sur l’application de la sélection, on ne peut échapper à la subjectivité. Le principe de la sélection subjective n’est pas critiquable en soi, et il est de surcroît inévitable. En revanche, ne pas consigner par écrit le nom de l’auteur de la sélection et ses critères de choix est une erreur car c’est une perte d’information dommageable à la compréhension de la matière archivée. On pense généralement à justifier les choix qui interviennent lors de la collecte, ne serait-ce que pour rendre compte aux services versants. On y pense moins à l’occasion de tris au sein de fonds déjà pris en charge[3].

 

L’éclosion de la connaissance

La connaissance historique ne sourd pas spontanément des archives. Son éclosion et son épanouissement dépendent d’abord de la qualité des documents, ensuite des qualités de la personne qui exploite les documents, qualités techniques et qualités humaines.

La qualité matérielle des sources conditionne l’exploitation des archives. Sans intégrité physique et sans lisibilité des supports (ce qui vaut pour les parchemins comme pour les bandes magnétiques), il n’y a pas d’archives et donc pas de connaissances à en tirer.

Sur le fond, la qualité première de l’archive est sa fiabilité, c’est-à-dire la garantie que ce qu’on y lit est conforme à la réalité des faits à l’époque à laquelle ils appartiennent. Les documents n’ont pas obligation d’être signés et authentiques (tant ne le sont pas…) mais doivent présenter suffisamment d’indices pour inspirer confiance : appartenance cohérente à un fonds, à une série ou à un dossier, date, mention d’origine et d’auteur, tampon ou cachet, numéro d’enregistrement ou de classement qui trace leur production.

Comme qualité annexe, on peut citer la densité d’information, dans l’absolu mais aussi relativement à la recherche entreprise. Il n’existe pas d’unité de mesure de cette densité, la notion est par trop abstraite mais on imagine une échelle de valeur correspondant au nombre d’informations voire d’informations originales (uniques) contenues dans une page ou un centimètre linéaire si on pouvait les calculer. On pourrait dire qu’une liasse de minutes notariales du XVIIIe siècle est particulièrement dense ; ou que la matière à tirer d’une pile de rapports statistiques récapitulés par ailleurs est maigre.

La connaissance extraite des informations contenues dans un document ou un ensemble de documents varie évidemment en fonction du savoir faire et du savoir être de celui qui exploite la source, avec cette particularité que, comparativement à l’exploitation du sous-sol ou d’un chantier archéologique, leur exploitation ne détruit pas les documents et qu’ils peuvent être examinés et réexaminés plusieurs fois.

Les archives ne parlent pas. Elles répondent à des questions. L’enjeu est donc de poser les bonnes questions, ce qui ne s’improvise pas et exige un préalable, une formation ou une autoformation : être familier des archives et de leur allure parfois étrange, connaître la période que l’on étudie et surtout savoir identifier les sources à interroger. Sur ce plan, les meilleurs index et les moteurs de recherche les plus performants sont encore loin d’égaler un historien averti, ne serait-ce que parce que le recensement des sources existantes est loin d’être achevé et mis en ligne. La question à poser est : « Existe-t-il des fonds et des documents susceptibles de livrer des informations utiles à telle recherche, soit directement parce que les faits étudiés ont fait l’objet d’une décision, d’un accord, d’une correspondance, ou indirectement si ce lieu, cette personne ou cette notion à laquelle on s’intéresse ne sont la cause directe d’aucun écrit mais sont mentionnés dans le cours d’un récit concernant un autre lieu, une autre personne ou une idée proche ? ».

La facilité ou la difficulté d’identification des sources tient largement au recouvrement total, partiel ou inexistant entre les contours du sujet traité et la réalité historique des producteurs des fonds disponibles. Le sujet « Le fonctionnement de la mairie de Limoges dans les années 1950 » et la problématique « La perte du sentiment religieux dans la France du XVIIIe siècle » ne s’appréhendent pas de la même façon quant aux sources. Les archives communales de la ville de Limoges fourniront d’emblée 80% de la matière du premier sujet. Pour la seconde recherche, l’identification progressive des sources constitue pour ainsi dire la plus grande part du travail.

Mais l’identification des sources n’est qu’une part de l’accès à la connaissance.

Les réponses fournies par les documents seront à la hauteur du raisonnement de l’historien et de la pertinence de ses questions (plutôt que de leur abondance), de sa rigueur et de son honnêteté intellectuelle. Elles seront surtout proportionnées à son esprit critique, c’est-à-dire à son aptitude à lire entre les lignes, à son habileté à croiser les informations ou les absences d’information avec tout ce qu’il sait déjà par ailleurs. Dans l’indémodable L’histoire et ses méthodes, Georges Tessier stigmatise quelque peu certains historiens qui manquent de curiosité : « qu’ils transcrivent des textes entiers ou qu’ils les analysent, ce qui les intéresse et ce qu’ils retiennent, c’est, dans sa nudité, le fait, parfois insignifiant, que le document transcrit ou analysé avait pour objet de consigner. Ils laissent de côté les enseignements indirects que toute pièce d’archives correctement interrogée dispense à un spécialiste averti »[4].

Cette connaissance tirée des archives est indissociable de la personnalité de l’historien ou du chercheur, de son désir de savoir, de son empathie avec le sujet, du moins tant que cette appétence ne se développe pas au détriment de l’esprit critique.

Le savoir acquis par celui qui a été au contact des sources d’archives peut rester un bien individuel ou être transformé en connaissance historique accessible et partageable. Dans ce cas, cela se fera par le biais de publications et d’expositions à base d’archives. Mais la connaissance historique revêt aussi d’autres formes de valorisation dans le monde de l’entreprise : l’identification d’un objet d’art par un commissaire priseur qui en réévaluera donc le prix ou la redécouverte d’une invention comme celle des montres Japy par un ingénieur dans les archives du groupe Matra Horlogeries dans les années 1980.

 

Accès aux archives et rétention d’information

L’accès aux archives, libre et gratuit, est inscrit dans la loi française depuis la Révolution de 1789, ou plus précisément depuis la loi du 7 messidor an II (25 juin 1794) qui organise les archives publiques. L’article 37 de la loi stipule : « Tout citoyen pourra demander dans tous les dépôts, aux jours et aux heures qui seront fixés, communication des pièces qu’ils renferment. Elle leur sera donnée sans frais et sans déplacement et avec les précautions convenables de surveillance. ».  L’objectif est double : la défense des droits individuels et le partage d’une mémoire collective, celle de la Nation.

Ces deux orientations sont réaffirmées dans la loi de 1979 sur les archives et reprises par l’article L. 211-2 du code du Patrimoine : « La conservation des archives est organisée dans l’intérêt public tant pour les besoins de la gestion et de la justification des droits des personnes physiques ou morales, publiques ou privées, que pour la documentation historique de la recherche ».

Tout un chacun est donc fondé à consulter, ou simplement à voir les archives, sources de connaissance des faits passés. Et les Français ne s’en privent pas, si on en juge par le succès des recherches généalogiques et d’histoire locale et la fréquentation toujours plus importante des centres d’archives.

L’acquisition de la connaissance historique extraite des archives requerra dans la majorité des cas le truchement d’un historien patenté ou amateur, au minimum d’un guide, mais le contact personnel voire physique avec les documents d’archives participe également de cette connaissance historique. La vue d’un registre, l’odeur de l’encre du XVIIe siècle, le toucher d’un parchemin mais aussi la vue d’un film 8 mm, l’odeur des papiers des années 1970 ou le toucher froid d’un vieux format de bande magnétique sont un vecteur de compréhension directe de la notion de temps historique qui finalement est un préalable à l’acquisition des faits et idées qui s’y rapportent. C’est sans doute ce qui explique le succès des services éducatifs des archives depuis plus de cinquante que Charles Braibant, directeur général des archives dans les années 1950, les a mis en place. Et pourtant on pourrait les développer bien davantage. La visite aux archives historiques, concrète, sensuelle, constitue une démarche d’instruction civique dont l’efficacité concurrence celle des meilleurs manuels interactifs. C’est une démarche particulièrement salutaire à une époque où certains enfants ont quelque difficulté à hiérarchiser sur l’échelle du temps historique le temps de leur grand-mère et le temps des personnages d’un film gothique, une époque où on voudrait leur faire croire que ce qui est inconnu de Google n’existe pas.

L’application de ce principe d’accès aux archives présente, par la force des choses, quelques limites. Du point de vue des documents eux-mêmes, c’est leur conservation matérielle, qu’une consultation excessive peut mettre en danger. Cette contrainte fait l’unanimité.

Pour l’utilisateur, la connaissance qu’il peut tirer des archives est limitée par sa propre compétence à extraire l’information du gisement qui lui est offert mais il ne peut en faire grief à autrui. C’est aussi à l’utilisateur que revient de préciser quels documents il veut voir. La loi de messidor an II le suggère : tout citoyen peut demander communication des pièces conservées, ce qui suppose leur identification préalable. Que voulez-vous consulter ? Il est en effet difficile de prendre au sérieux les faux amateurs d’archives qui exigent de voir d’emblée toutes les archives sur Paris ou sur Napoléon…

Bien sûr, il existe des inventaires et la mission des services d’archives historiques est d’en produire et d’en diffuser le plus possible (et ils font beaucoup même si on peut toujours mieux faire) mais il ne faut pas perdre de vue que l’inventaire n’est qu’un « instrument de recherche » pour reprendre l’expression technique des archivistes et non un sésame de la connaissance historique. Pour le reste, la notion d’inventaire exhaustif est une illusion. C’est comme si on voulait faire la liste exhaustive des souvenirs d’un grand-père, déconnectée qui plus est de tout contexte et de toute conversation. Les inventaires aussi requièrent de savoir les lire et d’interpréter ce que recouvre l’intitulé d’une série ou le nom d’un dossier, d’imaginer quelles informations sont susceptibles de s’y trouver, avant d’aller questionner les sources elles-mêmes. Sinon, on risque d’intervertir les responsabilités et d’en venir à accuser les archives de ne pas répondre à une question qu’on ne sait pas leur poser !

Enfin, l’accès aux archives est limité, dans le cadre de la loi, par des principes de protection de l’individu (son état civil, sa vie privée, sa santé) et de protection du secret statistique, de l’instruction judiciaire et de la sûreté de l’État. Le principe des délais de libre communicabilité des archives au public n’est pas contesté mais leur durée est sujette à discussion (la révision à la baisse des délais fixés par la loi depuis 1979 est à l’ordre du jour mais se fait attendre). Quant au périmètre de la vie privée et à sa transposition aux archives, les arguments juridiques, sociétaux et techniques sont trop complexes pour que le débat puisse être clos de si tôt.

La raison de ces restrictions est double : tout d’abord, la confidentialité est parfois la condition sine qua non de la collecte car sans l’assurance d’une certaine discrétion temporelle, le détenteur des informations se dérobera à leur archivage et l’information risquera d’être perdue à jamais. Que ce serait-il passé en 1816 si l’officier dépositaire de la confession de cannibalisme remise par un des survivants du radeau de la Méduse l’avait publiée dans Le journal des Débats, au lieu de l’enfermer dans un coffre en attendant que le temps apaise la force d’impact de ce rapport ? De plus, il faut gérer les phénomènes de personnalisation, d’extrapolation et d’anachronisme qui peuvent accompagner la diffusion d’une information historique décontextualisée et distordue.

Ceci dit, pour ce qui est du domaine public, face à l’immensité des sources et compte tenu de la soif de savoir, la suspicion, légitime ou non, à l’égard de ceux qui ont la charge de conserver et de communiquer cette mémoire est assez naturelle, encore que la publicité des archives ne soit pas une fin en soi.

C’est le syndrome récurrent du « on nous cache tout, on nous dit rien » agité de temps à autre par la presse dans les affaires sensibles. La polémique la plus significative sur le supposé ou réel secret des archives reste celle qu’a suscitée Sonia Combe en 1994[5] au sujet de l’accès aux archives de la Seconde guerre mondiale et de la rétention d’information par les services publics d’archives face à ce droit d’accès.

Comme dans toute querelle, les torts sont sans doute partagés. D’un côté, il transparaît de cette polémique que la globalisation du discours, le fait de ne pas préciser de quel producteur, de quel processus, de quel événement sont issues les archives dont on parle, sont par trop simplificateurs et ne favorisent pas des réponses précises à une question de nature complexe. De l’autre côté, il semble bien que la rétention d’information ne porte pas tant sur les archives elles-mêmes que sur la façon de les gérer et de rendre compte de leur gestion, de communiquer sur leur provenance et leur représentativité, leurs lacunes, leur fiabilité, leur forme, leur densité, leur état de classement et d’inventaire.

La collecte et la gestion du patrimoine archivistique national constituent une activité qui, comme toute activité qui implique des choix collectifs, mérite d’être tracée dans les archives. Des historiens s’y intéressent, tels Christophe Duhamelle et Pierre Monnet lorsqu’ils déclarent : « Nous ne nous interrogerons pas aujourd’hui directement sur ce qui se reflète d’une société dans ses archives, mais sur ce qu’une société exprime d’elle-même par la constitution et l’utilisation d’archives. »[6]

 

Patrimoine numérique et mémoire collective

On n’en finit pas de gloser sur les conséquences du développement des technologies de l’information sur les sociétés : le commerce, la politique et la sécurité, l’éducation et la culture, les comportements collectifs et individuels. Et on a raison, elles sont immenses.

L’information nouvellement produite l’est aujourd’hui à plus de 90 % sous forme numérique, même si elle fait l’objet, parallèlement, d’une édition ou d’une impression sur un support analogique, pour différentes raisons : diffusion auprès de ceux qui n’ont pas accès aux technologies numériques, esthétique ou confort de lecture.

L’archivage de l’information numérique, on l’a vu, soulève immédiatement deux questions : d’abord celle du volume exponentiel des données et de leur volatilité ; ensuite celle de la pérennisation de la fraction de ces données qui mérite une conservation à long terme. La pérennisation est un défi nouveau auquel le tandem technologie-méthode est en passe de répondre. Pour ce qui est de la sélection des informations à archiver, les critères de l’archiveur (celui qui archive), basés sur ses contraintes et ses besoins, sont les mêmes pour les documents traditionnels et pour les données numériques, à ceci près que les données numériques ne souffrent pas l’attente d’un archivage différé et exigent une intervention rapide. Cependant, la démarche de sélection de l’information numérique pour la mémoire collective doit faire face à une recomposition du monde informationnel induite par les technologies numériques et qui se caractérise par au moins trois phénomènes.

Le premier de trois phénomènes est celui de la résorption de la frontière ancestrale entre archives et livres. Archives et livres différaient initialement par leurs objectifs, avec la mémoire des actes d’un côté et la transmission des connaissances de l’autre, différence qui se répercutait autrefois dans la présentation des documents, en dépit de la similitude des supports (parchemins puis papiers) et des encres. Cette différence se manifestait par exemple à l’époque médiévale dans les styles d’écriture : petits caractères compacts de la libraria pour les manuscrits de bibliothèque, écritures plus larges et plus cursives pour les chartes.

Avec le numérique, rapport, publication, courrier, journal, tout écrit passe par le clavier et les polices de caractères codées en ASCII ou en Unicode. Les formes sont désormais très proches et favorisent un rapprochement entre les modes d’expression : un site web sert aussi bien la diffusion de publications d’un éditeur vers son public que la relation entre l’administration et les citoyens. Vouloir trier ce qui relève des bibliothèques et ce qui relève des archives est un peu démodé. Il est d’ailleurs symptomatique que le gouvernement canadien ait regroupé en 2004 sa bibliothèque nationale et ses archives nationales dans une seule et même institution.

En revanche, et c’est le deuxième phénomène, la production de l’information n’est plus systématiquement encadrée ni filtrée par les institutions, ni même par les associations. Si la liberté d’expression n’a pas attendu le web, celui-ci a considérablement « boosté » la production individuelle, par la profusion des sites, des pages personnelles, des échanges de courriels et de documents attachés, des forums de discussions et surtout des blogs qui sont de ce point de vue significatifs.

Les blogs ne se substituent ni aux débats associatifs ni aux journaux intimes ni au courrier des lecteurs. Ils constituent un type d’information original, créé par une chaîne de témoignages en temps réel sur un thème ou un événement. La formule « note publiée » utilisée par le spécialiste des blogs Loïc Lemeur pour désigner une intervention sur un blog a d’ailleurs un petit côté hybride évoquant à la fois le nom d’un document d’archives classique (une note) et le verbe qui différencie traditionnellement le livre de l’archive (publiée). A certains égards, l’expression « nouvelles archives » utilisée dans les années 1980 pour désigner les supports électroniques siérait aujourd’hui bien davantage à ce nouveau mode d’expression apporté par les technologies de l’Internet.

Le contenu d’un blog ressemble assez à ce qu’on aurait pu entendre sur un forum romain : les citoyens qui passent par là ont envie de s’exprimer et prennent la parole, d’une manière volontiers informelle et dans un langage pas toujours châtié. Il y a toutefois deux différences essentielles : primo, les propos sont enregistrés, ils forment une trace qui peut donc être archivée ; secundo, la participation à l’échange n’est pas conditionnée par une rencontre physique en un lieu unique.

L’abstraction de la localisation géographique du blogueur et plus généralement de l’internaute initie le troisième phénomène : le remplacement de la notion de territoire par la notion de communauté, phénomène politique et social profond commenté notamment par Jacques Derrida dans ses derniers écrits. Rattaché au réseau mondial, l’individu n’est plus conditionné dans son rapport avec les autres par son appartenance à une structure sociale délimitée géographiquement. Pour participer à une action collective, le critère déterminant est sa communauté d’intérêt, d’idées, de religion, de langue ou de goût avec d’autres individus, le lien entre les membres de la communauté pouvant par ailleurs être un territoire.

Si la mémoire collective contenue dans le patrimoine en général et dans les archives en particulier doit être organisée pour les populations et avec elles, comme l’a très bien défendu Eric Ketelaar[7], la collecte de cette mémoire doit, entre autres, prendre en compte la blogosphère, si représentative de notre époque. Reste à déterminer le degré de représentativité et les critères de sélection car un archivage exhaustif serait à la fois disproportionné et illusoire. Mais comment ne pas être convaincu, par exemple, que les blogs spontanés de tous ceux qui se sont intéressés à la campagne pour le référendum du 29 mai 2005 sur le projet de constitution européenne, sans être candidats ou partisans déclarés d’un candidat, sont aussi précieux pour la mémoire de la vie politique française que les sites web des partis et les blogs de leurs candidats ?

L’action de mise en archive de l’Internet pose aussi une question liée à l’essence même du réseau mondial et sans précédent dans l’histoire de l’archivage. En effet, jusqu’ici, la mise en archive ne pouvait être le fait que de l’émetteur ou du destinataire de l’information, ou d’une personne par lui autorisée, du fait même de la matérialité du support. Avec le Web, l’information peut être capturée directement et archivée librement par n’importe quel internaute, sans implication de l’émetteur voire, pourquoi pas, à son insu. Celui ou celle qui s’exprime sur Internet prend le risque d’être lu et donc d’être mémorisé.

La mise en œuvre de cette mémoire soulève encore une difficulté pratique dans la mesure où le cadre de production des archives numériques non institutionnelles ne coïncide pas non plus avec le ressort territorial d’un service d’archives patrimoniales. Comment dès lors procéder à la collecte et à qui confier la conservation ? Sans doute faut-il innover.

On pourrait imaginer des observatoires de l’actualité archivable, composés paritairement de professionnels et de citoyens volontaires et « sages », un peu à la manière du réseau d’observateurs bénévoles de Météo France qui observent chacun les événements atmosphériques sur un petit bout de territoire. Leur rôle serait de signaler aux autorités archivistiques les événements du monde numérique significatifs de la vie collective, et de les documenter afin qu’ils soient archivés valablement.

La conservation de cette mémoire non territoriale pourrait être attribuée sous forme d’enchères à ceux qui s’offriraient le mieux à la préserver, sous le contrôle des citoyens.


[1] Jean Claude Robert, «Historiens, archives et archivistes: un ménage à trois». Discours présidentiel, Société historique du Canada, Victoria, le 28 mai 1990, http://www.cha-shc.ca/bilingue/addresses/1990.htm

[2] Dans les archives départementales, l’échantillon alphabétique retenu depuis 1985 est constitué des lettres B et T (ou Ber et Tra) ; idem pour les archives communales depuis 1993. Voir les circulaires de la Direction des Archives de France.

[3] Voir l’article 5 du Code international de déontologie archivistique, http://www.ica.org/biblio/spa/code_ethics_fra.html

[4] Georges Tessier, chapitre « Diplomatique » dans L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran, Encyclopédie de la Pléiade, sous la direction de Raymond Queneau Gallimard, p 634

[5] Sonia Combe, Les Archives interdites. Les peurs françaises face à l’histoire contemporaine, Paris, Albin Michel, 1994 – 2e éd. chez La Découverte en 2001 sous le titre Archives interdites – L’histoire confisquée.

[6] Christophe Duhamelle et Pierre Monnet, « Réflexions sur l’archive : monde rêvé et embarras de richesses », journée d’études « L’archive» de la Mission Historique Française en Allemagne Göttingen, 24 mai 2003, www.mhfa.mpg.de/public/ bulletin d’information de la Mission Historique Française en Allemagne, N° 39, 2003

[7] Eric Ketelaar, « Archives of the people, by the people, for the people », in S.A. Argiefblad / S.A. Archives Journal 34 (1992) 5-16. repr. in Eric Ketelaar, The Archival Image. Collected essays (Hilversum 1997) 15-26.

 

 

 

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