Suite de l’histoire « fidèle et durable » (pour ceux qui n’étaient pas là la semaine dernière, il s’agit de la copie d’un document probant (article 1348 du code civil) et pas du président de la République…
Sur la fidélité, il y aurait encore à dire mais à chaque semaine suffit sa peine et il faut passer à la durabilité.
Durabilité. Un radical plutôt court [rappel : il ne s’agit pas de politique !] et un double suffixe : -abil aux nombreuses possibilités, et –ité, évidemment.
La durabilité renvoie à un objet solide, inusable, ou presque. Pour les uns, cela fait penser au petit lapin-tambour de Duracell ; pour d’autres à une marque de chemise qui porte bien son nom car elle ne date pas d’hier… Sauf que ça finit quand même par s’user. Certes il y a un bon capital au départ mais quand il a fondu, ça s’arrête…
Durabilité est facilement donné comme synonyme de pérennité mais s’il y a deux mots, c’est qu’il y a une différence. Il apparaît que la durabilité s’applique essentiellement aux objets dont elle constitue une qualité intrinsèque.
Dans le monde du vivant, on ne parle pas de durabilité, on parle de pérennité (ou de vivacité) : les botanistes parlent du linum perenne, pas du linum durabilis !
Il ne s’agit plus d’un objet et de sa résistance à l’usure à compter du jour de sa fabrication ou de sa mise en service ; il s’agit d’un corps vivant qui se maintient en vie au fil du temps en interaction avec le monde vivant qui l’entoure. Ce n’est pas l’organisme en soi qui est pérenne, c’est l’organisme dans son environnement.
Pour revenir à la conservation d’archives en général, et d’archives électroniques en particulier, on peut certes gloser sur la durabilité objective du support (une sorte de chemise Kidur virtuelle…) mais le support, sans le contenu et sans les éléments de traçabilité qui accompagnent la gestion du document archivé, n’est rien.
Ce qui a du sens, c’est la pérennité du document archivé dans sa complétude, c’est-à-dire un contenu, un contexte, une date, un support, des règles associées et les traces de son cycle de vie. Et c’est le système qui permet de maintenir vivant le document archivé, tant que son utilité demeure, pas son seul support « durable ».
Décidément, cet article 1348 du code civil gratte un peu… Il vieillit mal.
Alors ? Faut-il pour autant recommander l’infidélité et la fugacité ?
Quelle drôle d’idée !
Non ! Ce qu’il faut, c’est de la confiance et de la pérennisation !