On est passé de la (géo)graphie à la (géo)localisation.
La géographie décrit la Terre (gê en grec) et la relation entre les hommes et la planète. La géolocalisation se sert de la géographie (les latitudes et longitudes de chaque mètre carré) pour dessiner les activités des hommes sur la Terre laquelle, donc, est déjà dessinée.
Au début du XVIIIe siècle, le globe terrestre comptait encore de nombreuses contrées inconnues ou mal connues des hommes ; on était alors au beau milieu de la grande époque des explorateurs. C’est aussi le moment où la cartographie s’est démarquée de l’histoire pour s’affirmer comme discipline scientifique, grâce à l’astronomie. Un exemple avec la carte de Moscovie (Russie) tracée en 1706 par Guillaume Delisle, géographe du roi, ici un détail de la région d’Arkhangel’sk au bord de la mer Blanche :
Trois siècles plus tard, il n’est plus besoin de dessiner : on voit ! On voit la Terre, et on mesure la différence d’avec hier : ci-après, Arkhangel’sk de nouveau, via GoogleEye, avec un zoom sur la ville :
La technologie donne à voir la réalité.
À noter qu’on n’a jamais demandé à la nature si elle acceptait d’être cartographiée ; on fait semblant aujourd’hui de demander aux humains s’ils veulent être géolocalisés mais les incitations à ne pas refuser sont de plus en plus pressantes… Le rêve n’est plus de découvrir une terre inconnue ici-bas pour la faire connaître aux autres mais de s’exiler dans un petit coin sans émetteur pour souffler un peu.
Côté bonne nouvelle, le citoyen lambda n’a plus besoin d’apprendre les cartes de géographie par nécessité (le GPS est là pour ça) ; grâce au progrès technologique, il peut les découvrir par plaisir…
Quant à la description des nouveaux territoires que créent les technologies, entendez les communautés numériques, les réseaux immatériels, le cyberespace, c’est une autre histoire, écrite par de nouveaux explorateurs tels Jérôme Bondu dans son « Voyage au pays des Réseaux Humains » ou les « Pérégrinations d’un terrain sans territoire » de Boris Beaude, pionnier de la géographie des lieux réticulaires.
On revient aux sciences humaines.