C’est un nom commun mais ce pourrait bien être un nom propre puisqu’il n’existe à proprement parler qu’un seul débredinoire, celui de Saint-Menoux, dans l’Allier, comme il n’y qu’une petite sirène, celle de Copenhague, et qu’une statue de la Liberté, celle de New-York, ou presque…
Le nom débredinoire (prononcez : déberdinoire) est formé à partir de l’adjectif bredin (berdin), qui signifie « simple d’esprit » en dialecte bourbonnais, du préverbe privatif « de » et du suffixe –oire des noms d’instruments car il s’agit bien d’un instrument. De ce fait, c’est un mot plutôt féminin mais il est également employé au masculin. Pour ma part, je dis « le » déberdinoire, à la mode berrichonne, depuis mon enfance où j’en ai souvent ouï parler.
La « débrédinoire » est selon les sources un tombeau, une châsse, un reliquaire, un cercueil de pierre. Concrètement, c’est « un sarcophage trapézoïdal en grès rouge de 1,99 m de long, 0,66 m de large à la tête, 0,35 m au pied ; hauteur de 0,42 m à 0,57 m. ». L’Inventaire des lieux de pèlerinage qui donne ces précisions, ajoute : « Sur le côté de la cuve, une fenestella réalisée au moyen de deux pierres arquées et chanfreinées portant des motifs floraux semble dater du XIIe siècle ».
Cet objet atypique renferme les restes d’un évêque d’origine irlandaise (Ah ! ces saints irlandais…) venu au VIIe siècle rendre l’âme dans un village bourbonnais auquel il a donné son nom : Saint-Menoux, non sans indiquer, dit la chronique, l’emplacement où il fallait construire l’église. Or, – toujours selon le bréviaire de l’église de Bourges – un simple d’esprit nommé Blaise réussit à passer la tête dans le tombeau de son saint patron et fut guéri de sa folie. D’autres guérisons ayant été constatées, le culte du saint s’est répandu et, pour faciliter l’opération, une fenêtre a été percée quelques siècles plus tard dans le sarcophage relevé à hauteur d’homme. Les registres paroissiaux de Saint-Menoux mentionneraient quelques cas de rétablissement heureux, pour le plus grand plaisir des généalogistes qui les découvrent.
Entre foi populaire et attraction touristique, le débredinoire de Saint-Menoux poursuit depuis quatorze siècles son petit bonhomme de chemin. On trouve à ce jour assez peu de littérature sur les particularités géologiques et telluriques dont le sous-sol de l’église serait doté et qui provoqueraient une sorte d’électrochoc salvateur aux patients atteints d’une maladie mentale lorsque leur tête se trouve à un certain endroit dans une certaine position. Il y a au moins une référence assez détaillée sur la géobiologie à Saint-Menoux.
On se plaît alors à imaginer une table ronde sur les sources de la connaissance des phénomènes inexpliqués, avec quatre invités aux disciplines et objectifs bien différents : les monuments historiques, la généalogie, la recherche médicale et la géographie sacrée. L’animateur serait bien sûr la sérendipité !
Personnellement, j’ai mis ma tête quelques secondes dans le déberdinoire de Saint-Menoux en 1983, il y a donc trente ans ; ça ne m’a pas fait mal et il n’y a pas de risque à croire que ça a pu me faire du bien. Je n’ai là-dessus qu’une seule interrogation : bien que la prescription trentenaire ait été supprimée du code civil français par la loi du 17 juin 2008, je me demande si l’effet de mon déberdinage n’est pas prescrit et si je ne devrais pas y retourner….
Que n’ai-je su que le sujet vous intéressait, je vous en aurais parlé au cours de ma dernière conférence! Qu’à cela ne tienne, il n’y a pas de temps perdu. La débredinoire est un sujet passionnant et trop ignoré de nos contemporains et d’une bonne partie des dernières générations. Permettez-moi donc, chère Marie-Anne de vous faire part de quelques-unes de mes connaissances en ce domaine qui nous touche de plus près qu’on pense. Pour comprendre la débredinoire il faut s’ôter toute idée de sarcophage car elle n’a rien de la sépulture, au contraire dirais-je même puisqu’il s’agit d’un « appareil de soins » ! Heureusement que nos scanner d’hôpitaux ne sont pas perçus par les malades comme leur futur sarcophage ! Ne confondent donc les deux objets que les ignorants qui s’en tiennent qu’à ce qu’ils voient sans réfléchir. A-t-on idée de réaliser un sarcophage avec des trous, d’ailleurs ?
Pour comprendre la débredinoire, il faut se rappeler que la Terre comporte en son centre, une boule de métal en fusion (le noyau terrestre), irradiante. Cette irradiation métallique est d’autant plus puissante que le noyau est chaud. Les radiations passent à travers la croute terrestre à la faveur de failles dites « telluriques », chaque faille exfiltrant un magnétisme propre aux différents métaux qui composent le noyau : Aluminium, … argent, … Béryllium, … Chrome, … cuivre, … étain, …, mercure, … or, … plomb, … Titane … dont la teneur est d’autant plus active sur le vivant (vous et moi) que ces métaux (magnétisme) sont en rapport avec le cosmos (Lune, Vénus , Jupiter, Soleil, …) qui émet un rayonnement électrique vers la Terre. La jonction de leurs énergies produit donc au raz du sol, un maillage électromagnétique auquel notre corps (physique et mental) est sensible.
L’homme sait depuis plusieurs dizaines de milliers d’années que notre monde est ainsi fait. Il a donc, d’une part appris à repérer les endroits où passent ces rayons électromagnétiques et, d’autre part, à diagnostiquer quel rayon a quel effet thérapeutique (d’où l’importance de poser la débredinoire de St Menoux à un endroit précis). Cette double observation est à l’origine de la construction des thermes, notamment celto-ligures, dont le continent européen a été équipé en vue d’aider les populations et leur cheptels à se soigner et trouver du mieux-être. Leur importance explique l’origine de nos églises romanes dont-ils sont la fondation architecturales. On passe à cette époque et en occident, d’une logique disons « chamanique » vers une autre, toute religieuse et catholique romaine.
Revenons à la débredinoire : j’ai eu le plaisir d’en photographier une autre dans l’ancienne abbaye cistercienne de Saint Arnould à Warluis (60) (http://www.defrance-starnoult.org/). Deux pierres plates d’environ deux mètres de long sont disposées parallèlement et maintenues par une troisième disposée à plat par dessus; en forme de taux. Les deux pierres verticales, ont 80 à 100 cm de hauteur. Elles sont percées face à face de trois grandes ouvertures circulaires : des trous d’hommes. On comprend que l’ensemble était disposé (très précisément) sur la faille tellurique (d’où la fondation de l’abbaye) et qu’ainsi, souffrants et souffreteux pouvaient passer par les grands trous de la débredinoire pour bénéficier de l’irradiation électromagnétique et donc thérapeutique… de Saint Arnould.
Saint Menoux ou Saint Arnoult : les débredinoires sont donc des instruments thérapeutiques dont la modernité par l’usage des énergies subtiles, n’a rien à envier à nos instruments hospitaliers les plus modernes. Une fois encore, l’homme n’invente rien. Il reconstruit indéfiniment ce qui a déjà existé Tout au plus le contexte évolue-t-il et la chasse aux sorcières se déplace-t-elle ! Utiliser des énergies subtiles pour soigner les hommes de maux incompréhensibles (physiques et/ou mentaux) pour le commun des mortels, ce n’est pas nouveau. Est-ce une raison pour en a faire des objets douteux, ésotériques et peut-être pire encore, malheureusement (je ne dis pas cela pour vous Marie-Anne, bien entendu !!!). Toutes les abbayes du haut moyen-âge sont fondées sur des lieux cosmo-telluriques liés à une thérapie ou à une autre. Il existe assurément un lien entre ces réseaux et la naissance des pèlerinages.
La Tradition qui a fait naître les débredinoires a été ensevelie pendant des siècles.
Et si demain, nous perdions la faculté de créer autant d’électricité qu’il en faut à notre humanité pour vitre dans en toute salubrité, combien de générations humaines faudrait-il pour recréer un réseau utile de débredinoires sur le territoire Européen ?
Raisonner « durable », c’est retenir cette maxime de Confucius : Le bon maitre est celui qui, tout en répétant l’ancien, est capable d’y trouver du nouveau. la débredinoire est symptomatique des trous d’histoire que nous ne devons pas reproduire.
Philippe Blot-Lefevre
Conseil en géométrie sacrée
http://www.lecielpourtoit.com
Merci, Philippe, pour ces développements d’autant plus intéressants qu’Internet (la Bible des paresseux) n’est pas très prolixe sur le sujet.
Je retiens trois points :
• la connaissance ancestrale des zones cosmo-telluriques dans le choix des lieux de culte ;
• le ton souvent hautain d’une certaine science pour ce qu’elle ne connaît pas ;
• l’aptitude des populations à s’accommoder de tout.