Classificatoire qualifie un système, une démarche dont le but est la classification, c’est-à-dire l’ordonnancement hiérarchisé d’un ensemble de concepts ou d’objets au travers de regroupements en catégories ou classes, sous-catégories et sous-classes, etc. Dans cette acception, la classification se démarque de l’action de classifier des documents (secret défense, restreint, public…) qui correspond à une classification très particulière. Elle se distingue aussi du classement comme opération de ventilation matérielle ou intellectuelle d’objets selon une classification définie.

Il existe deux grands types de systèmes classificatoires :

  1. les uns idéalistes voire idéologiques qui tendent à organiser la connaissance universelle dans un système intellectuel unique et harmonieux recevable sur les cinq continents (en attendant les Kepler186fiens) ; le rôle de ces systèmes est de donner une représentation du monde, de le comprendre, de l’enseigner mais aussi de rassurer les humains sur leur capacité à le dominer ;
  2. les autres pragmatiques, élaborés dans un périmètre géographique ou thématique plus restreint, dans un but plus immédiat et plus concret de gérer efficacement les caractéristiques d’un groupe d’objets ou de retrouver un individu ou un objet dans la masse de ses semblables.

Les humains ont inventé toutes sortes de classifications visant les espèces (Linné and Co), les races (jadis et naguère, encore que…), les voyelles, les sols, les maladies, les marques déposées (INPI, WIPO), les instruments de musique, et bien sûr les bibliothèques dans leur rôle de rassemblement du savoir qui réside dans les livres : classification Dewey, la CDU et sa concurrente soviétique BBK, classification à facettes de Ranganathan qui, dès les années 1960, préfigurait la « multi-classification » facilitée aujourd’hui par les outils numériques.

Les deux systèmes subissent l’effet combiné de deux phénomènes.

1. Le monde numérique, fait de réseaux mondialisant le savoir, donne un coup d’arrêt à la quête de la classification universelle : la classification universelle de l’Occident chrétien puis de l’Occident tout court, renouvelé par les Lumières puis par le développement industriel, subit aujourd’hui la concurrence des autres philosophies de la planète.

2. En dissociant le classement intellectuel et le rangement physique, les technologies permettent de s’affranchir d’un système de classification unique de référence, lié au rangement ou à l’idéologique, puisque l’on peut rattacher sans difficulté un même objet à plusieurs classifications ou définir une nouvelle classification en quelques clics au moyen des métadonnées ou simplement des caractéristiques internes des objets numériques (mots, dates, images, voix, position dans le fichier) ou de leurs caractéristiques externes (liens, fréquences ou types d’utilisations).

La classification est de plus en plus l’affaire des algorithmes mathématiques, dans les sciences, pour la recherche d’information via les moteurs mais aussi pour le marketing et la publicité (réseaux sociaux, objets connectés). Il serait cependant naïf de croire que les algorithmes classificatoires sont neutres, objectifs et indépendants de toute idéologie. Les algorithmes classificatoires formatent l’homme du XXIe siècle.

Ceci dit, la fibre classificatoire reste inhérente à la nature humaine, comme l’est l’utopie et le besoin de maîtriser la connaissance mais ne pas tenter de comprendre le monde s’apparenterait à une démission.

Comme dans de nombreux domaines, la solution est sans doute dans la mixité bien comprise de l’humain et de la technologie. C’est en tout cas ce que j’ai voulu faire avec la méthode Arcateg™ : une classification volontairement simplifiée (100 classes) pour gérer la valeur engageante des documents dans l’entreprise (cette valeur est une de leurs facettes liée à l’humain), compatible avec des classifications automatiques pour retrouver l’information.

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