Quel comité Théodule ? Il y a en a des centaines, de comités Théodule, un peu partout, bien cachés, bien tapis.

Un comité Théodule est une instance officielle qui réfléchit ou est censée réfléchir à un problème de société et qui, éventuellement, fait des recommandations pour y remédier, au travers d’un rapport adressé au ministre compétent, au Premier ministre, voire au président.

On doit l’expression au général de Gaulle, qui avait un sens certain de la communication. Interpellé lors d’un voyage en province, il y a plus de cinquante ans, il déclara : « L’essentiel pour moi, ce n’est pas ce que peuvent penser le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hippolyte, c’est ce que veut le pays. ». C’est Théodule qui est resté dans l’histoire. Un joli prénom.

Certains commentateurs ont rapproché cette réflexion de celle de Clemenceau, autre grand communicant, qui avait dit, un peu plus tôt, que quand on voulait enterrer un problème, on créait une commission. Il y a une nuance entre les deux remarques : elle ne tient pas à la différence entre comité et commission, qui sont ici et là équivalents (synonymes aussi de conseil ou d’observatoire), mais au fait que dans un cas (Clemenceau), on cherche plutôt à noyer le poisson et dans l’autre (de Gaulle), il s’agit davantage de peigner la girafe. Les deux activités ne sont d’ailleurs pas exclusives.

La France raffole des comités Théodule, c’est un fait. Dans un accès de courage politique, elle en supprime une fournée, pour en créer de nouveaux le surlendemain. Et la vie continue. Alors, voici quelques suggestions pour que le monde des archives ne reste pas à l’écart de la galaxie théodulienne. On pourrait créer :

  • un comité pour l’échantillonnage, au titre des archives historiques, des courriers NPAI [N’habite Pas à l’Adresse Indiquée] de l’ administration fiscale ;
  • un haut conseil pour l’anonymisation des noms des édifices publics (collèges et lycées, gymnases et autres auditoriums) qui portent le nom de personnalités, afin de protéger celles-ci, y compris post mortem de toute exploitation nominative, au nom de la priorité actuelle de protection des données personnelles ;
  • une commission pour définir les conditions de dématérialisation des rapports des comités Théodule de France et de Navarre, pour le cas où ils en produiraient…

Théo est un prénom à la mode depuis une quinzaine d’années. La relève est donc assurée sur ce plan-là. De sorte que, sans aller chercher des noms alambiqués et dévalorisants du type Théofrasques ou Théofilou, on pourrait appeler ces nouveaux comités, selon leur degré de pantouflardise : Théobulle, Théodort ou Théoronphle.

Je verrais bien Théoronphle comme personnage principal d’une comédie de Molière dénonçant les excroissances graisseuses du corps administratif.

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