Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Citation de Guillaume d’Orange.
Même si un collaborateur de l’opérateur de téléphonie Orange, nommé Guillaume, a pu prononcer cette sentence, entre amis ou lors d’un micro-trottoir, la paternité en revient à Guillaume 1er d’Orange-Nassau, surnommé Guillaume le Taciturne, fondateur de la dynastie actuellement régnante aux Pays-Bas, assassiné à 49 ans (1533-1584), protestant, défenseur de ses droits contre l’hégémonique Philippe II d’Espagne. Sa formule illustre sa vie combattive. On la retrouve dans la devise des Pays-Bas sous la forme d’un verbe conjugué au futur : « Je maintiendrai ».
Les deux Orange ont en commun de désigner quelque chose de petit (la principauté d’Orange dans le comtat Venaissin, la petite compagnie britannique rachetée par France Télécom en 2000) qui est devenu quelque chose de grand (un des plus anciens pays de l’Union européenne, une des plus grosses entreprises françaises). L’Histoire est pleine de clins d’œil.
La persévérance présuppose une entreprise, une action, un comportement, une posture que l’on décide de maintenir.
La persévérance s’oppose au renoncement de l’action entreprise alors qu’elle n’est pas achevée, à l’abandon d’une attitude alors que le mobile initial est toujours là.
C’est donc à dessein que j’ai choisi ce terme pour inaugurer ma nouvelle série de billets de blog, avec le suffixe –ance, le recueil de mon année en –ule étant désormais en ligne sous le titre Texticules acidulés.
Car j’ai décidé de persévérer dans l’écriture de ce blogule et de me lancer dans une cinquième année, même si ma persévérance frise l’obstination. En effet, les blogs sont en train de passer de mode. Comme le souligne Loic Le Meur, pionnier des blogs au tournant du siècle, les blogs comme outils de conversation sont obsolètes et l’échange, aujourd’hui, a migré vers les réseaux sociaux (voir l’article de Vincent Glad dans Libération du 8 septembre 2015).
Si le nombre de commentaires ou de likes est le seul critère de réussite, mon blog est sans doute un échec. Cependant, je veux espérer que la mesure de la réussite, pour les blogs comme en toutes choses, ne se cantonne pas à la quantité.
Pour ma part, me référant à Guillaume d’Orange plutôt qu’à un autre, la motivation de l’action (si on estime que ce que l’on fait sert à quelque chose) et la satisfaction d’avoir agi plutôt que de n’avoir rien fait sont mes critères de choix. J’ai créé mon blog pour exprimer mes impressions personnelles et professionnelles face à la société de l’information, sans coller à une actualité trop éphémère, et en m’imposant une règle oulipienne d’écriture, en référence à Raymond Queneau (ce dernier aurait-il apprécié d’être associé à Guillaume d’Orange ?). Or, la société de l’information est toujours critiquable et j’ai toujours plaisir à écrire ces texticules hebdomadaires. Conclusion : je persévère.
Du reste, l’audience de mon blog, où des billets d’il y a plusieurs mois ou années sont régulièrement consultés, correspond à mon attente, sans parler de tout ce que cela m’apprend. Quant à parler ou non de réussite, il faudrait préciser les critères de jugement. Et s’il faut être jugé, il est préférable d’être jugé par ses pairs. Des pairs sévères, évidemment.
Continuez pour le meilleur (de la critique) et pour le rire! Cela me fait un bien fou de vous lire. Merci.
Bloguez, bloguez, il en restera toujours quelque chose…