Nous sommes en pleine période d’anniversaire pour ceux qui sont natifs de son signe. J’en suis et je m’en réjouis. Pour les cadeaux bien sûr, mais aussi parce que, quand on relève de ce signe du zodiaque, avec sa représentation, il est tentant et rassurant de croire que l’on est une personne équilibrée. Qu’est-ce à dire ?
L’équilibre, c’est quand les deux plateaux de la balance (libra en latin avant de l’être en anglais) sont à égalité de poids, de force, de valeur. De ce point de vue, un peu et beaucoup conduisent au même résultat dès lors qu’on a deux fois un peu ou deux fois beaucoup, de part et d’autre. Il me semble que cet aspect de la balance n’est pas suffisamment souligné. Une personne qui se dépense peu et mange peu est tout aussi équilibrée qu’une personne qui mange beaucoup parce quelle se dépense beaucoup. Si j’osais, je remplacerais manger par boire en pensant aux hommes de mon village (et d’autres villages d’antan) qui, passant leur journée à casser des cailloux pour faire la route, engloutissaient dix litres de piquette par jour, tandis qu’un employé de bureau se contentait d’un demi-verre de vin.
Sur la balance, instrument de mesure et de pesage, un kilo de plume est équivalent à un kilo de plomb. La différence est en revanche perceptible quand on reçoit l’un puis l’autre dans la figure. Ceci dit, si on reçoit un kilo de plomb dans la figure – à supposer qu’on en réchappe, on peut intenter un procès au lanceur de projectile, afin que la Justice définisse la peine qui compensera le dommage subi, au travers d’un jugement équitable. C’est toujours cette notion d’équilibre, de pesée de quelque chose, ici d’une action au regard de son correspondant dans la loi. C’est pourquoi, la justice est symbolisée par une balance, ce depuis l’Antiquité et sans doute pour longtemps encore, bien que les plateaux et les fléaux (deux fois moins nombreux) aient quasiment disparu du paysage quotidien au profit des balances électroniques dont la silhouette est moins évocatrice. Après tout, la disquette, plus récente que la balance dans l’histoire des techniques et des technologies, symbolise encore la sauvegarde dans les icônes des logiciels informatiques, alors que la disquette a disparu depuis un bon moment de l’environnement quotidien des utilisateurs d’ordinateurs. Avec l’accélération des choses, les exemples de skeuomorphisme se multiplient.
En parlant de sauvegarde, je songe aux archives.
La balance et les archives ? Voilà un sujet de mémoire pour étudiants en archivistique. Je le traiterais en trois points :
- la balance comptable (mensuelle puis récapitulative) est conservée soigneusement aux archives pendant une période de dix ans, durée légale de conservation des documents de comptabilité ;
- il y a dans les archives quantités de documents sans intérêt qui se retrouvent là par l’incompétence, la négligence ou l’incurie de certaines personnes (trop nombreuses hélas) qui balancent n’importe quoi aux archives ; et n’allez pas croire que c’est mieux avec le numérique ; au contraire, c’est dix fois pire, même si ça se voit dix fois moins ;
- tandis que la balance, l’autre, celle de la police, ne laisse aucune trace dans les archives, par définition ; il existe au ministère des fonds secrets en liquide destinés à équilibrer le service qui consiste à balancer aux flics des informations sur ses amis d’hier ou ennemis de toujours, sport qui remonte lui aussi à l’Antiquité même s’il n’est pas reconnu comme discipline olympique ; donc, tout se fait à la mano et rien n’est enregistré, pas de trace de cette activité sensible ; mais quand il n’y a pas d’archives, il y a des témoins, et la presse a « indiqué » récemment que ces fonds seraient parfois déroutés vers d’autres usages…
Ah ! Décidément, il n’y a que les comptables pour être sérieux !