Il y a celle que tout le monde attend : la relance économique. On pourrait même écrire le mot avec une majuscule. Il y a des gens qui attendent la Relance comme d’autres attendaient Godot, sans voir ni comprendre le lien entre le comportement économique individuel et la santé de l’économie collective.
Et il y a les autres relances, dont on se passerait bien :
- relance du fournisseur qui n’a pas livré la commande, parce que sa relance auprès de son propre fournisseur n’a encore rien donné,
- relance du client qui n’a pas payé, parce que le numéro de la facture était écrit à droite alors qu’il doit être écrit à gauche pour que le prestataire en dématérialisation puisse scanner la facture, laquelle est donc mise de côté en attendant la relance,
- relance des élèves qui n’ont pas envoyé leur devoir, parce que tant qu’on ne les relance pas, certains considèrent qu’ils n’ont pas à se bouger,
- relance des adhérents qui n’ont pas payé leur cotisation, des propriétaires qui n’ont pas payé leurs charges, des locataires qui n’ont pas payé leur loyer, des administrations qui n’ont pas répondu à un dossier, pour de bonnes ou mauvaises raisons, etc.
- relance des auteurs qui n’ont toujours pas envoyé leur texte pour la publication qui aurait déjà dû paraître il y a trois mois…
La relance devient la norme. Pourquoi faire ce que l’on s’est engagé à faire puisque de toute façon, on sera relancé ? Autant vivre tranquille en attendant la Nième relance.
On nous rebat les oreilles avec l’excès de temps que passeraient les collaborateurs à chercher de l’information ou un document dans l’entreprise : 20% du temps de travail ou davantage. Et alors ? Est-ce choquant ? Heureusement que l’on passe du temps à s’informer et à rassembler de la documentation ! L’enjeu est dans le mauvais classement ou le mauvais archivage, ou bien dans le fait de ne pas savoir s’y prendre (problème de formation).
On ferait mieux de s’intéresser au temps que l’on perd à faire ou à subir des relances, juste parce que ce qui devait être fait n’a pas été fait ou a été mal fait. D’après ce que je peux observer dans ma vie professionnelle et personnelle, il y a là une vraie « marge de progression », plus que dans le temps passé à chercher de l’information.
Divers remèdes permettent de contrer le phénomène : le prélèvement automatique (qui déresponsabilise et cause parfois de mauvaises surprises), la majoration (pour plus de détail, contacter l’administration fiscale)… Pas de quoi se vanter.
Il y a toutefois un domaine où le numérique supprime agréablement les relances. C’est celui du prêt de livres numériques par les bibliothèques.
Vous empruntez un livre pour trois ou quatre semaines et, grâce au « verrou numérique » embarqué dans le fichier, l’accès au livre est bloqué à l’issue du délai du prêt et le retour du fichier-livre est automatique. Et en plus, l’humain lecteur peut manuellement restituer le livre plus tôt s’il en a achevé la lecture, afin d’en faire profiter un autre humain lecteur. Le site de la médiathèque du pays de Falaise explique tout cela très bien.
Le problème est que le prêt de livres numériques ne marche pas tellement, du moins en France. Il faut dire que les liseuses du marché ne sont pas très attirantes, entre défauts techniques (poids, luminosité), appareils propriétaires qui ne fonctionnent qu’avec la liste du fabricant (non-Amazoniens, s’abstenir !) et le manque de fonctionnalités qui laissent penser que les concepteurs ne lisent pas eux-mêmes…
Il faudrait relancer l’innovation dans le domaine. Il faudrait aussi relancer la lecture publique…