À gauche, une peinture murale, à la hauteur du 84 rue Saint-Honoré (Paris), copiant le tableau que fit Horace Vernet de sa fille Louise vers 1833 (tableau conservé au Louvre), photographiée le 23 juin 2017 au matin.
À droite, le même mur photographié 48 heures plus tard. Je précise qu’il ne s’agit pas d’un montage, je ne suis pas si douée en graffiti ni en Photoshop).
La différence est évidente. Déambulant le long de la rue, j’ai d’abord repéré la peinture de loin et je suis réjouie pendant quelques secondes de la revoir (car ce sont là des petites choses qui rendent Paris si agréable), avant de réaliser le massacre gratuit. Puis la juxtaposition des deux photos m’a rappelé les jeux des sept (ou neuf) erreurs de mon enfance, lorsqu’il fallait repérer les différences de détail de deux dessins a première vue très proches.
La question est ici : combien y a-t-il de différences ? Quelle est la valeur de X ?
Faut-il voir une seule modification de cette image, en considérant comme une unité indissociable le gribouillis qui défigure intentionnellement le portrait ?
Ou bien peut-on considérer plusieurs ajouts, correspondant au nombre de traces noires réalisées d’un seul jet, a priori deux ?
Le spectateur n’y verra-t-il pas une erreur pour chaque partie du personnage abîmée : buste, épaules, bras, mains…. ?
Peut-être, du point de vue de l’ouvrier spécialisé qui aura à effacer ces tâches détestables, peut-on distinguer autant de déformations qu’il y aura de cases impactées sur le carroyage effectué pour organiser le travail de restauration ?
La caractérisation, le dénombrement, le découpage de l’une information (de 1 à N) dépend du point de vue que l’on porte sur une chose, selon que l’on en est l’auteur, le destinataire ou un tiers, et surtout selon l’usage présupposé de cette information (production, consommation, traitement).
Après tout, il n’y a peut-être qu’une seule erreur là-dedans, celle de l’abruti qui a salopé ce trompe-l’œil et qui ne trompe finalement que lui-même.