La sérendipité était faite pour rencontrer le numérique : c’est incontestablement un très beau couple.
Le mot a été créé au XVIIIe siècle à partir d’un conte oriental du Moyen Âge, pour trouver son plein épanouissement au début du troisième millénaire.
Il désigne le fait de découvrir ou de recevoir, dans le déroulement d’un cheminement, quelque chose que l’on ne recherchait pas explicitement, comme les princes de Serendip qui, au cours de leurs aventures persanes, reçurent de nombreux bienfaits sans les avoir spécifiquement sollicités. La sérendipité caractérise bon nombre de découvertes scientifiques et autres, ce qui fut le thème du colloque de Cerisy en 2009. Voir aussi le Voyage en sérendipité.
Le hasard est connu pour faire bien les choses, parfois, mais le hasard ne suffit pas à définir la sérendipité, sinon pourquoi un mot nouveau ?
Les bénéfices de la sérendipité ne sont pas le fruit du seul hasard qui comblerait un bénéficiaire passif, mais plutôt la récompense de celui ou celle qui avance dans un esprit d’ouverture et de curiosité, avec une attitude à la fois positive et volontaire, aventurière et détachée, éveillée et entreprenante, quelqu’un qui fait confiance au hasard jusqu’à ce qu’il devienne une chance, quelqu’un qui cherche à séduire le hasard.
Bien sûr, il n’est pas nécessaire de voyager aux antipodes pour faire des découvertes heureuses. On peut actionner, modestement, la sérendipité à l’intérieur d’un dictionnaire ou d’une encyclopédie papier, en sautant d’une page définition à l’autre, en croisant les définitions, en fécondant les idées par les rapprochements de mots et de concepts, mais les limites du support matériel sont contraignantes. Avec le web2.0, la sérendipité s’envole. Les possibilités de découverte et d’acquisition de connaissances sont démultipliées. Les occasions de nouer des contacts fructueux sont illimitées…
D’un autre côté, Internet est un océan si vaste et parcouru de tant de courants divers et souvent contradictoires, que, sans gouvernail et sans but, il est facile aussi d’y faire du sur-place et de croire qu’on voyage ; la pression de « l’actualité » empêche de réfléchir et laisse croire que l’on fait des découvertes alors qu’on tourne en boucle dans un petit paquet de pages, finalement plus étroit que le Petit Larousse… La posture du candidat à la sérendipité doit tenir compte de son environnement géographique et technologique.
La sérendipité assistée par ordinateur (SAO) requiert une plus grande attention au monde alentour que la sérendipité analogique en raison du foisonnement des contenus offerts à l’internaute, une vigilance à la hauteur des facultés de navigation qu’offre le réseau, un e-discernement adapté à la redondance, au manque de fiabilité, à l’instabilité des données, de même que le promeneur solitaire devra être a priori plus attentionné dans la jungle que dans une prairie normande…
La e-sérendipité sera donc au rendez-vous de celui ou celle qui saura voir les portes qui s’ouvrent, frapper aux bonnes portes, cliquer sur le bon lien, revenir en arrière à bon escient, etc. comme le ferait un voyageur esseulé qui rentre le soir à l’hôtel et va, plus ou moins consciemment se tromper d’étage, ouvrir la porte d’une autre chambre, attendre quelques minutes pour partager un ascenseur… provoquant peut-être une rencontre qui lui procurera une soirée plus bénéfique qu’un tête à tête avec la télévision…
On peut faire remarquer, enfin, que dans l’histoire d’origine, les princes de Serendip n’auraient jamais reçu toutes les richesses qu’ils reçurent s’ils n’avaient pas entrepris de visiter le vaste monde. Et ils n’auraient pas entrepris de visiter le vaste monde si le roi leur père ne les avait délibérément expulsés du royaume dans le but de parfaire leur éducation après un enseignement théorique…
La sérendipité, ça se mérite !
Et oui, la sérendipité c’est par exemple cliquer sur un lien concernant a priori l’archivage et découvrir une belle histoire, une réflexion intéressante …
Merci !
Une bien belle histoire pour une belle réflexion.
Merci