Les réponses au sondage sur ce blog m’apprennent que formalité est le premier mot que j’ai oublié dans ma litani-ité. Je m’empresse de me rattraper, en remerciant ce blogonaute de sa suggestion sérendipitique (j’ai en effet découvert grâce à lui le film de Giuseppe Tornatore Une pure formalité (titre original : Una Pura formalità).
Le baromètre Google, qui fonctionne lui aussi au Mercure (dieu du commerce ;)) oscille, quand on lui parle de formalité, entre la création d’entreprise et le sport (à noter que la création d’entreprise est parfois du sport !), dans une relation sémantique paradoxale qui laisse à penser.
Du côté de la création d’entreprise, la connotation est celle de la légalité, des démarches officielles, essentielles mais lourdes avec la paperasserie, les imprimés Cerfa, les administrations parfois obtuses, les organismes intermédiaires (« centres de formalités ») qui le sont moins, bref, quelque chose de rasoir. Pour être honnête, il faut quand même reconnaitre que le parcours de l’entreprenant s’est bien simplifié depuis une dizaine d’années.
La simplicité, justement, est la seconde tonalité de la formalité si on en croit les titres de journaux, notamment sportifs : Euro 2012 : Italie-Irlande : Une simple formalité pour l’Italie ?; Wimbledon – Simple formalité pour Nadal et Murray ; CTT Déols – Stade Clermontois : Une simple formalité ; Une simple formalité pour l’Olympique Lyonnais?…
En fait, il ne s’agit pas ici de simplicité, sinon on parlerait de formalité simple (subtilités adorables de la langue française). La simple formalité est surtout une formule restrictive pour dire « ce n’est qu’une formalité », un truc qu’il faut faire mais qui n’apporte ni n’enlève rien sur le fond, qui est de pure forme (on revient à l’étymologie), une opération secondaire, sans enjeu véritable, qui ne prouve rien quant à la valeur intrinsèque des actes humains, qui ne prouve finalement que leur existence dans le registre officiel des actes de la communauté. C’est une manière de souligner la valeur des acteurs, bien plus importante que la procédure.
Le dictionnaire de l’Académie française de 1986 définit la formalité : « Manière de procéder prescrite obligatoirement pour l’accomplissement de certains actes », terme souvent employé au pluriel car les procédures sont vites complexes. Les formalités sont les marques extérieures de la validation, de la reconnaissance sociale des personnes et de leurs actes. Elles créent les traces prouvant que les règles sociales qui fondent la vie en collectivité ont été respectées, afin de prévenir les contestations. C’est un mal immédiat nécessaire pour un bien ultérieur quand on aura besoin de vérifier la réalité des faits passés. Ceci dit, l’argument ne justifie en rien les pseudo-formalités, obsolètes ou purement bursales, qui ne servent qu’à entretenir les gestionnaires de formalités. L’argument justifierait en revanche la création de formalités qui manquent aujourd’hui pour atteindre l’objectif commun. Cette mise à jour permanente des formalités présente une marge de progression…
Pour conclure, obtenir un coup de tampon ou donner un coup dans le ballon ont bien un point commun : dans les deux cas, il faut se bouger. N’en déplaise aux amateurs de rimes riches : formalité ne rime pas avec forme alitée, plutôt avec vitalité !