Je ne suis pas trouillard, quelquefois je me mouille.
Mais là, ce qui m’arrive est plus qu’une merdouille :
Un embrouillamini, une carabistouille.
On fait ce que l’on peut et pourtant on cafouille.
Ça s’est passé le jour où Jean-Pierre Jabouille
A gagné un rallye, à Rouen, près de La Bouille.
Assis dans un jardin, sur un banc style Nouille
Je dévore « Pot-Bouille » et « La sœur de Gribouille ».
Me voilà abordé par un petit arsouille.
Il a l’air propret, montrant sa bonne bouille.
Plutôt que de parler, on dirait qu’il gazouille.
J’aperçois la guimauve qu’en sifflant il mâchouille.
Il me dit qu’il habite tout très de Rambouillet,
Qu’il aime roupiller dans un lit bien douillet
Mais qu’avant de dormir, le soir, il s’agenouille
Et se repent souvent d’avoir été niquedouille.
Il me suit au logis, débitant sa bafouille ;
C’est que, moi, j’ai à faire, suffit de glandouiller :
Il faut que je commence par me débarbouiller,
Puis de la lampe morte je dois changer la douille.
Après tout, c’est la vie, à chacun ses embrouilles,
Et je le plante là, toc ! qu’il se dépatouille !
Mais je ne rêve pas, c’est bien lui qui farfouille,
Dans l’armoire normande, carrément il trifouille.
Sommé de s’expliquer, il est là qui bredouille.
Il s’approche de moi, veut me faire des papouilles.
Est-ce que ça chatouille, est-ce que ça gratouille ?
Je commence à piger : c’est une vraie magouille.
Qu’aurait fait dans ce cas Jacquouille la Fripouille ?
Il aurait pris pour arme une vieille quenouille
Et foncé à l’assaut de futures dépouilles,
Tel Obélix chargeant sa romaine patrouille.
Attends que je t’attrape et que je t’écrabouille !
Mais le gars a filé. Je fulmine un chouya :
Un bruit, j’accours, macache ! seulement matou y a !
Je sors par la remise où les jambons pendouillent.
Comme il fait du brouillard, j’enfile ma douillette
Achetée hier aux Galeries Farfouillettes.
Avec ça il me faut marcher dans la gadouille,
On a beau dire et faire, moi, je suis mort de trouille…
Il fait nuit, on n’entend que le bruit des gargouilles
Et le ricanement des mulots en vadrouille.
J’atteins la grande grille que je déverrouille,
Et ce n’est pas sans peine, à cause de la rouille.
Même pas eu le temps d’avaler un bouillon.
Tout à coup, je saisis, je me sens tout couillon :
Comment ? C’est toi mon frère (en arabe « arouya ») !
Viens ça, embrassons-nous ! Viva ! Alléluia !
Viens goûter ma tambouille : j’ai fait du veau bouilli,
Un gratin de citrouille, des cuisses de grenouilles,
Une paire d’andouilles, un peu de ratatouille,
Avec des œufs brouillés, on boira du Brouilly !
Je ne t’ai pas remis du fait de cette brouille.
Combien de temps perdu, je ne suis qu’un pedzouille !
Pour rattraper tout ça, il faut que l’on se grouille !
Arrête ton histoire, c’est un peu casse-bonbon !