Cher.e.s lecteur.e.s,
Que vous soyez étudiant.e ou enseignant.e, employé.e ou client.e, camé.e ou dénommé.e René.e, vous avez aujourd’hui le droit, que vous soyez seul.e ou plusieur.e.s, à ce que votre nature masculine mais principalement votre sexe féminin soit graphiquement respecté.e. Peut-être êtes-vous déjà habitué.e.s à ces manières et procédés rédactionnel.le.s ? Pour plus de détail sur les variantes graphiques, voir par exemple ce site.
Visuellement, c’est un grand changement. Avec tous ces points qui renvoient inconsciemment à la ponctuation de fin de phrase, on est très loin des paragraphes de Marcel Proust. Je dirais même qu’on passe de la littérature à la peinture car on se rapproche du pointillisme. Certains textes ainsi ponctués m’évoquent plutôt Pissaro, Seurat, Signac…
Si la tendance se confirme, ne faudra-t-il pas prendre en compte également les droits des animaux (les éléphant.e.s, les chien.ne.s, les chaton.ne.s, les souri.e.s, les escargot.e.s, les fourmi.e.s, sans oublier les papillon.ne.s) voire la sexualité des végétaux (une tasse de thé.e, un bouquet d’œillet.te.s) ?.
Sur le plan de la langue, j’entends bien les arguments et les justifications avancé.e.s par les défendeur.e.s du système mais je crains une aseptisation/appauvrissement sournois.e du discours et de la langue français.e. N’est-ce pas là une façon insidieuse d’écarter les suffixes originaux qui se prêtent moins bien à la transposition orthographique des sexes ? Balayé.e.s les bouts de nom en -trices et les désinences en -euses et -iennes : les -eures dominent le marché. Les professeures remplacent les institutrices, les auteures remplacent les lectrices, les entrepreneures remplacent les factrices, les sapeur.es-pompier.es remplacent les sages-femmes. À se demander si le coup/la manœuvre n’est pas télécommandé.e par quelque ennemi.e du génie ou de la culture l’hexagonal.e.
Las ! Trêve d’ergoterie ! Au diable les trices et les teuses, simplifions nous la vie et l’écriture ! On ajoute un e à la forme masculine, un point c’est tout. Il n’y a plus qu’un suffixe augmentable et on peut faire gérer ça par un paramétrage de l’ordinateur. La femme est l’homme avec un e, un petit appendice graphique en forme de boucle fermée… Euh… Une image subliminale de la femme comme prolongement de l’homme ?
À ce propos, il se trouve dans mon Berry natal un lieu-dit dénommé « L’Hommée » dont le panneau indicateur m’accroche le regard et la pensée depuis des décennies quand je traverse ce coin-là. La toponymie explique qu’il s’agit de la surface de pré qu’un homme pouvait faucher en une journée. Ouf ! J’ai eu peur d’une prémonition (hommée pour dire femme…).
Et maintenant que je vous ai bassiné.e.s avec ma logorrhée (sans point) et que je vous ai bien agacé.e.s avec mes clichés et billevesées teinté.e.s d’humour (une pointe), je vais proposer une alternative à la situation : pourquoi ne pas corréler les accords orthographiques aux années ? Les années impaires, du 1er janvier au 31 décembre minuit, on accorde tout au masculin et les années paires, on accorde tout au féminin. Je ne fais pas preuve ici d’une grande imagination ; je ne fais que reprendre le système de la sécurité sociale : 1 pour les hommes, 2 pour les femmes. C’est simple et en plus cela peut aider pour dater certains textes.