Connaissez-vous Popo le Chien ?
Non ? Vraiment? Vous donnez votre langue au chat ?
Eh bien, ce n’est ni la mascotte d’un salon de toilettage, ni le porte-parole aux oreilles tombantes de programmes télévisés. Non, il s’agit tout bonnement d’un humain dont la fonction est « administrateur de Wikipédia » (version française).
On peut comprendre celui ou celle qui signe une lettre dénonciation « le corbeau » plutôt qu’avec son véritable nom. On peut comprendre l’adoption d’un pseudonyme pour échapper à la censure tel Voltaire, les noms de plumes comme Saint-John Perse, Marguerite Yourcenar, San Antonio, ou le coup littéraire d’Émile Ajar. Mais pourquoi masquer son identité derrière un surnom insignifiant quand on participe à un ouvrage qui se veut public et encyclopédique ? À moins que ce ne soit un indice d’incertitude (de ce que vaut une source non identifiée…).
Il y a un quart de siècle, les citoyens dénonçaient volontiers le fait que les signatures des courriers administratifs étaient illisibles et ne comportaient pas les nom et prénom du signataire, de sorte qu’on ne savait pas vraiment auprès de qui réclamer, le cas échéant ; ce qui avait conduit le Premier ministre, en l’espèce Michel Rocard, à signer une circulaire datée du 23 février 1989 et consacrée au renouveau du service public (tiens, tiens…). On lit au chapitre IV, intitulé « Une politique d’accueil et de service à l’égard des usagers » : « L’effort de personnalisation des relations entre les agents et les usagers doit être poursuivi sans relâche. Il faut veiller en particulier à ce que dans toute correspondance administrative figurent clairement le nom de l’agent chargé du dossier, l’adresse de son service et le numéro de téléphone permettant à l’usager de contacter la personne compétente pour obtenir des informations complémentaires. ». Et le ministre de se référer à sa circulaire du 25 mai 1988 relative à la méthode de travail du Gouvernement, où il insistait sur « le respect de la société civile et sur le respect de l’Administration ».
Une génération plus tard, on constate l’usage excessif, pour ne pas dire pervers, des signatures manuscrites numérisées, manipulées comme un vulgaire tampon enjoliveur. Autres temps, autres mœurs…
Tous ces désordres seraient charmants à observer s’ils ne trahissaient pas une certaine incapacité chronique de la société à formaliser les relations entre les personnes.
Pour revenir aux pseudos qui prolifèrent et s’épanouissent sur les réseaux comme des champignons à l’automne, on ne peut qu’être frappé du côté « abracuculapralinesque » de la majorité d’entre eux. C’est le choix des internautes ; c’est leur liberté. Soit.
Finalement, c’est peut-être l’indice d’un nouvel âge : il y a un millénaire, la plupart des gens ne portaient qu’un nom de baptême ; puis sont venus le patronyme et l’état civil ; on peut imaginer d’ici quelque temps l’abandon de ces derniers au profit du seul pseudo… Mais attention aux homonymes ! Combien de Coco13, d’ArthurRimbaud, ou de Fantômette ?
En attendant, les écrits des pseudonautes ressemblent trop souvent à du Pipi de Chat !
Je crois que vous êtes à coté de la plaque. Un pseudonyme n’est un pseudonyme. Il n’a de signification que dans « l’espace » ou il est employé.
Dire que « Popo le Chien » n’est pas sérieux vis à vis du caractère supposé non-encyclopédique du pseudonyme est une aberration digne du « nom à coucher dehors avec un billet de logement »…
Ce n’est pas le pseudonyme qui définit qui on est mais ce qu’on en fait avec.
Au final, attaquer le nom ou le pseudonyme d’un interlocuteur relève de l’attaque ad hominem…
Ou peut-être qu’il trouvait juste ça drôle et que son chien s’appelait comme ça lorsqu’il était petit, allez savoir.
(note : on ne « nait » pas administrateur de wikipédia, le choix du pseudo s’est fait en tant que simple contributeur)
Le fait que ce soit peut-être drôle n’enlève rien au ridicule de la chose. Et, administrateur ou simple contributeur, le fait de se masquer dans un espace public qu’on prétend «administrer» ou auquel on prétend «contribuer» est simplement minable.
Pourquoi pas, pendant qu’on y est, se présenter aux élections (municipales, pour commencer petit, puis cantonales, régionales, présidentielles…) en tant que Pipi le chiot ou Chochotte ma crotte?
Coluche l’avait tenté, d’ailleurs, mais pas pour se dissimuler, au contraire.
C’est une question de public. D’accord pour se lâcher anonymement dans un concours de contrepèteries mais quand il s’agit de contribuer à une démarche de transmission au plus grand nombre de la connaissance universelle, un pseudo, a fortiori autodénigrant, entame fort la crédibilité de l’auteur et renforce l’intermittence de la fiabilité de Wikipedia…
Vaste problème que celui de l’identité dans l’espace public !
Je porte le masque, mais le bon peuple me trouve sympathique. Vous direz que c’est parce qu’il me connait, malgré mon masque, mais est-ce bien sûr? Qu’en pense le sergent Garcia, et plus généralement les autorités de police?
Je ne suis plus le seul à me masquer (et je ne parle pas ici de burqa) : il ne se passe plus un jour sans que mon téléphone sonne et que ne s’affiche sur l’écran « identité masquée ». Au début, j’ai cru comprendre que cela correspondait à des offres ou relances publicitaires généralement non désirées. J’ai donc décidé de ne plus jamais répondre à un « masque ». Jusqu’au jour où j’ai eu des problèmes de communication avec mon banquier: lui aussi, quand il voulait me joindre au téléphone, se cachait derrière une « identité masquée » !!! Que se serait-il passé si j’étais rentré dans mon agence portant mon loup !?! Puis j’ai découvert que d’autres services administratifs ou officiels passaient aussi leur appels téléphoniques à domicile sous « identité masquée » !!! Quel risque prend-on à refuser de leur répondre ? Les autorités de police ne nous disent-elles pas de refuser d’ouvrir la porte de l’immeuble ou celle de l’appartement à des gens que nous ne connaissons pas, même s’ils sont sans masque et prétendent venir de la part de la compagnie des eaux !
Plus généralement, ce que dit ou écrit un quidam est-il plus fiable s’il décline nom, prénom, titres …? Il faut faire confiance a priori, quitte à vérifier ensuite. Vérifier s’il est bien qui il prétend être ou vérifier la véracité de ses dires, indépendamment de qui il est, et sans doute les deux…
Bref, tout un chacun est un jour ou l’autre amené à faire de la diplomatique…comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.
Cher Don Diego,
La règle de mon blog est que les auteurs de commentaires s’identifient, c’est-à-dire déclinent leur identité. Mais ce billet-ci, vu le sujet, est l’exception qui confirme la règle. D’ailleurs Darkoneko a masqué lui aussi son identité.
Au-delà du témoignage sur le fond, votre commentaire appelle deux remarques :
– le pseudo sur un blog peut-être un pseudo pour les internautes sans l’être pour l’administrateur du site : en l’occurrence, Zorro a donné son adresse mail, avec nom et prénom, dans son commentaire, donnée qui n’est pas publique et que je suis donc la seule à voir ; tandis que l’adresse mail de Darkoneko est non-explicite pour moi ;
– la signature n’est pas la seule façon d’identifier quelqu’un ; le style du discours trahit parfois son auteur… ; c’est le même principe pour l’authentification des œuvres d’art.
Ce sympathique Zorro avance masqué… mais pour nous dire qu’il porte un masque. Il n’engage personne par cette démarche humoristique, ne cautionne rien, ne transmet rien. Ce qui n’est pas le cas de Popo le Petit ou d’un quelconque banquier ou fonctionnaire…
Il me semble que le choix (autant par un administrateur de Wikipédia que par un quelconque commentateur de l’actualité dans l’espace public d’un pays où l’on n’est plus poursuivi depuis longtemps pour des opinions aussi insignifiantes que l’objet même du commentaire) d’un pseudonyme aussi ridicule que Popo le chien ne peut avoir qu’une signification : le pseudonommé se rend tellement compte de son insignifiance et de celle de son intervention qu’il ne peut pas raisonnablement la signer. Il ne peut que se désavouer lui-même avant qu’on le fasse pour lui, il ne peut que se déclarer ridicule lui-même avant qu’on le fasse pour lui, il ne peut que se déclarer nul et non avenu lui-même avant qu’on le fasse pour lui. C’est peut-être cette seule étincelle de conscience qui le distingue du cloporte…