La connectivité des citoyens du monde passe, comme la pyramide de Maslow, par cinq degrés successifs :
- la connectivité passive, ou plutôt la connectibilité, le fait d’avoir théoriquement accès aux réseaux téléphonique, numérique, télévisé, au moyen d’un appareil aussi simple qu’un téléphone en 1900 ; on est dans le champ du possible, dans les moyens que les États se doivent de mettre à disposition des administrés ;
- la connectivité « normale », celle du citoyen ordinaire qui exécute en ligne un bon nombre des gestes administratifs (mon compte en ligne), commerciaux (mon panier) et sociaux (mes amis) ;
- la connectivité avancée quand l’environnement numérique est l’environnement naturel où l’on pense numérique sans être un robot, où l’on peut faire plusieurs choses à la fois sans s’éparpiller, où l’on gagne du temps pour mieux le dépenser autrement ;
- l’hyper-connectivité remarquable chez les sujets qui se sont fait greffer un smartphone au bout du bras, ou sous le poumon gauche voire sous la boîte crânienne afin de vivre à fond la communication avec le monde (ce qui présente l’avantage de ne voir les humains qu’au travers du réseau et plus dans la rue, dans le bus ou au guichet…) ;
- la déconnexion volontaire, le must après avoir épuisé toutes les sensations des réseaux, très tendance en ce moment…
À côté de la connectivité sociale (et parfois asociale diront certains…), il y a la connectivité technique qui se moque des bouderies des utilisateurs aussi bien que des usages excessifs car son rôle, à elle, est de rendre possible la circulation des données, par principe, sans préjuger de la qualité de ces données ou du profil des utilisateurs, ni de la temporalité.
Si Internet est bien le réseau des réseaux, la connectivité concerne aussi les innombrables systèmes d’information et les passerelles entre les encore plus innombrables systèmes de production, de diffusion ou de stockage des données, avec un aspect spatial (faire communiquer les applications entre elles aujourd’hui) et un aspect temporel (lire et exploiter les données produites hier ou avant-hier avec des technologies devenues obsolètes), les deux aspects étant résumés par le maître-mot : interopérabilité.
Et il y a fort à faire face à la croissance exponentielle des données non structurées (textes, images, vidéos), couplée à une fragmentation extrême des contenus, comme le souligne EntropySoft, spécialiste de la connectivité en entreprise.
Pour contrebalancer la construction exaltée d’une tour de Babel des formats numériques, les connecteurs ont pour objectif de fédérer les différents réceptacles d’information à l’aide de voies de communication ad hoc et de rendre la tuyauterie transparente pour les utilisateurs.
La connectivité, c’est espéranto des applications, le morse des systèmes métiers, la lingua franca des éditeurs de logiciels, en espérant qu’elle ne deviendra pas un globish informatique…